Les réactions des partis politiques à ce qui est convenu d'appeler l'affaire de «Salafia El Jihadia», n'ont pas été uniformes. Les calculs électoralistes ne sont pas à exclure… Effet d'une bombe ? Oui, mais peut être pas appréhendé par tous de la même manière. Ce qui se passe actuellement avec les membres de groupuscules islamistes et leur lot de victimes laisse penser qu'il y a bien un hiatus entre le discours démocratique et la pratique que ce même discours implique. S'il a été constaté cette absence de possibilités de médiation, des organismes qui peuvent servir de tampon, voire et pourquoi pas d'intégration, le plus c'est surtout l'attitude des partis politiques qui dans leur majorité n'ont pas pu évaluer à sa juste valeur l'impact d'une telle situation et souvent ont été tentés de faire de la récup. électoraliste, plutôt que de prendre les initiatives qui s'imposent, face à un danger réel, potentiel ou tout simplement éventuel. En fait, à part les réactions, compréhensibles, de l'USFP, de sa jeunesse, et du PPS, on a l'impression que les autres partis ne sont pas vraiment concernés. Il est vrai que le danger a été circonscrit, tout comme il est vrai qu'il n'y avait pas de quoi justifier de déclencher une alerte générale. Mais il faut aussi relever que toute tentative qui n'est pas basée sur les idéaux démocratiques, avec pour seul objectif le renforcement de la légalité, donne fatalement lieu à des dérapages et à des interprétations pour le moins anti-démocratiques. Des partis de la majorité, notamment celui de l'Istiqlal, après avoir longtemps flirté avec les mouvements islamistes, après l'échec de ses tentatives de les cajoler en son sein, dans les années 80, il n'arrive toujours pas à faire le distinguo entre islamisme, tel que toujours vécu au Maroc, en tant que nation imbue des préceptes de l'Islam, et l'activisme islamisant, en tant que mode importé, dans lequel les modèles ne sont pas les nôtres, et les manières d'y parvenir calquées sur l'étranger, notamment l'Iran, avec moins de rigueur idéologique, ou l'Algérie avec moins d'organisation. L'un dans l'autre donnent forcément lieu à un cafouillis innommable et ce qui se passe autour de la fantomatique Salafia Al Jihadia ou Attakfir Wal Hijra, avec ses séries de dénégations, en est la parfaite illustration… Au centre se trouve l'Istiqlal, qui ne peut reculer, mais de par son parcours, ses idées et son programme, il ne peut pas non plus avancer… Un dilemme à la veille des échéances électorales qui n'arrange guère les frères de Abbas El Fassi. Si certains journaux ont fait de l'arrestation des présumés coupables de Salafia un sujet essentiel pendant des semaines, il est difficile de faire le lien avec des partis politiques. La question des islamistes ne doit pas brouiller les cartes, ni entraver le processus démocratique en cours, encore moins retarder les chantiers en marche… Des partis ont eu à critiquer la gestion gouvernementale de la question, pour une raison électoraliste palpable… Sans pour autant aller au fond du problème, à savoir la montée de l'intégrisme et dans quelle dimension chez nous… Et justement, à propos de cette montée de l'intégrisme, on peut d'abord dire qu'il s'agit d'un phénomène qui n'est pas strictement marocain, ensuite, il est de moindre influence et d'impact. Par ailleurs, dans toute démocratie, où les marges d'action politique et associative sont larges, les dérapages sont à prévoir et à prendre en compte. Et là, visiblement on est bien dans ce contexte, sauf qu'on n'est pas bien outillé psychologiquement pour. Tout dérapage, tout manquement aux règles de la démocratie doit être réglé par les normes de la démocratie, à savoir entre autres le recours à la justice. Sinon, ce sont les dérapages qui pulluleront…