Elles viennent de Béni Mellal, Marrakech, Tit Mellil, Agadir ou encore Sbite, elles sont roses, rouges, blanches, jaunes, oranges…Elles sont belles, délicieusement odorantes, et elles souffrent de négligence dans notre pays. Radioscopie des fleurs et du métier de fleuriste. Vous les avez sans doute remarquées à proximité du CHU Ibnou Rochd, ces petites échoppes presque délabrées, jonchées d'une multitude de bouquets et autres compositions florales qui offrent, à tout passant, un spectacle féerique, un hymne à la beauté et la magie des formes et des couleurs. Devant tant de splendeur, on a du mal à croire que le marché des fleurs est loin d'être florissant. Les vendeurs-fleuristes sont les premiers à s'en plaindre, outre l'absence d'une «culture» des fleurs chez les Marocains. Ces «artisans» souffrent de leur situation précaire. «Notre seule reconnaissance est la mention «fleuriste» sur notre CIN. À part ça, rien. Nous n'avons ni assurance, ni CNSS, ni syndicat ni même une association… Nous vivons de la générosité de nos employeurs», déclare Mustapha. Car, il faut bien le comprendre, le fleuriste n'est pas propriétaire de la stalle où il travaille, celle-ci est louée par la commune à des particuliers qui emploient ces «artisans» contre quelques centaines de dirhams mensuels ou un pourcentage des gains. «Un fleuriste gagne jusqu'à 600dhs par semaine, cependant il y a des vols et des détournements d'argent : il peut vendre un bouquet à 300 dhs et n'en déclarer que 120 à son employeur, comme il peut gagner jusqu'à 5000 dhs en l'espace d'une seule soirée, en se mettant d'accord avec le client sans rien dire à l'employeur», affirme Bouchaïb, fleuriste-propriétaire. En effet, il n'y a pas de loi sur les prix, chacun est libre d'afficher le prix qui lui convient, le client bien sûr peut toujours marchander. Un bouquet simple peut coûter entre 30 et 50 dhs, parfois il peut atteindre 200 dhs. Les compositions florales sont plus onéreuses. «Cette composition coûte 40 dhs, elle a nécessité 10-15min de travail, celle-ci par contre demande plus de temps, et est donc plus chère», déclare Hadj Hachmi. Ce fleuriste est particulièrement satisfait de son commerce, son emplacement au marché Maârif lui est très favorable, sa clientèle est essentiellement composée d'étrangers en plus des traiteurs : «Il m'arrive d'avoir jusqu'à deux commandes par semaine», affirme-t-il. En effet, la période estivale, particulièrement propice aux mariages, est aussi celle où les fleurs sont le plus demandées. Le reste de l'année, il faut attendre les réceptions, anniversaires, fêtes de fin d'année ou encore la Saint-Valentin pour pouvoir écouler la marchandise. Le calendrier a son mot à dire dans ce commerce car la vente des fleurs dépend des saisons. Pour Nadia Boutaleb de Fleurêves, ce problème ne se pose pas, et pour cause, ses fleurs sont en fibre de soie, importées de Chine : «Les fleurs artificielles ne s'abîment pas et durent plus longtemps, voire éternellement, c'est l'idéal pour nos clients». Ce genre de fleurs est destiné essentiellement à la décoration d'intérieur, les principaux clients sont les banques, les sociétés, mais aussi quelques particuliers. Si l'industrie des fleurs est très prisée en Europe, en Asie ou ailleurs, on ne peut pas en dire autant pour le Maroc, pourtant ce dernier en exporte de très belles espèces vers des pays où les gens sont plus connaisseurs et plus sensibles à leur beauté. Si vous ne voulez pas vous retrouver avec des fleurs en plastique à tous les coins de rues, la prochaine fois que vous voudrez dire quelque chose dites-le avec des fleurs. • Fatima Zahra Hamil