Les négociateurs de la République démocratique du Congo et du Rwanda sont parvenus lundi à un accord de paix qui pourrait apaiser les tensions dans toute la région des Grands Lacs. Reste à le signer. Lorsqu'ils ont annoncé être parvenus à un accord de paix, les représentants congolais et rwandais, réunis à Pretoria, en Afrique du Sud, venaient lundi soir de fructifier cinq jours de négociations étroites. Des pourparlers déjà engagés en marge du sommet de l'UA à Durban, début juillet. Si leur entente est une avancée de taille pour la pacification de toute la région de l'Afrique centrale, les deux parties n'ont toutefois pas avancé de date quant à sa ratification par leurs présidents respectifs. «Nous ne pouvons spéculer sur une date pour la signature de l'accord par les (présidents) mandants», a déclaré le vice-président sud-africain Jacob Zuma, qui a fait office de médiateur. Ces dates «devront être fixées au niveau présidentiel», a-t-il précisé avant d'ajouter que les négociateurs allaient «à présent informer leurs mandants en vue d'une finalisation éventuelle des discussions et d'une signature d'accords». La vice-présidence sud-africaine a par ailleurs précisé que les négociations s'étaient concentrées sur le retrait des troupes rwandaises de la RDCongo, le désarmement et le démantèlement des ex-FAR (Forces armées rwandaises) et des Forces Interahamwe présentes sur le territoire congolais. Les deux voisins ont également convenu de sécuriser leur zone frontalière commune, étape transitoire qui pourrait permettre à terme de rendre sa stabilité à toute la région des Grands Lacs. La République congolaise, en proie à une guerre civile depuis 1998, implique en effet dans son conflit pas moins de huit pays, et en premier lieu le Rwanda. Ce dernier soutient militairement le principal mouvement rebelle, le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), qui œuvre dans tout l'Est du pays. Et Kigali justifie cette présence de son armée en terre congolaise par la menace que feraient peser sur sa sécurité les extrémistes Hutus, appelés interfaçage, et les ex-FAR. Ceux-ci, responsables du génocide rwandais -dont les victimes étaient des Tutsis et Hutus modérés- d'avril 1994, ont fui leur pays pour se réfugier dans la région voisine, l'Est de la RDCongo. Aux termes de l'accord de lundi, Kigali a donc accepté de retirer ses troupes en échange du désarmement et du regroupement des Interahamwe et des ex-soldats par Kinshasa. Ni les modalités pratiques d'application de l'accord, ni un échéancier n'ont été communiqués mais les diplomates comme les observateurs sont restés optimistes quant à son entrée en vigueur. «Je pense que c'est le commencement de la fin de la guerre en RDC», a ainsi déclaré l'ambassadeur rwandais en Afrique du Sud, Joseph Kamerera. Cette entente intervient en effet alors que l'ex-Zaïre a lancé une phase de discussions internes, dites «dialogue inter-congolais» en vue d'un règlement d'ensemble du conflit. Si les pourparlers de Sun City, toujours en Afrique du Sud, n'avaient pas abouti en avril à un accord entre le pouvoir, l'opposition et les groupes rebelles -le deuxième après le RCD étant le Mouvement de libération du Congo (MLC) soutenu par l'Ouganda-, des avancées avaient été constatées. Et le traité de paix de lundi pourrait relancer le processus de stabilisation de la RDCongo, avec l'ouverture de nouvelles négociations dans les prochains jours, notamment sur la question du partage du pouvoir entre le président Kabila et l'opposition, période transitoire qui devrait découler sur des élections.