Le train des exportations chinoises roule à pleine vitesse et semble encore accélérer. La capacité du pays le plus peuplé au monde à s'adapter, fait de lui un partenaire redoutable. Les consommateurs apprécient les bas prix mais les concurrents trouvent de plus en plus difficile de comprimer leurs coûts pour être compétitifs. Le gouvernement marocain est pour le moment indifférent. Le train des exportations chinoises roule à pleine vitesse et semble encore accélérer. La rapidité avec laquelle l'étiquette « Made in China » s'est imposée dans de nombreux secteurs a propulsé très haut, dans la liste des préoccupations mondiales, le problème du déficit commercial avec la Chine. Pis, la tendance est désormais à « Made by China ». La capacité du pays le plus peuplé au monde à s'adapter fait de lui un conçurrent redoutable. Les consommateurs apprécient les bas prix mais les concurrents trouvent de plus en plus difficile de comprimer leurs coûts pour concurrencer. Dans quelle mesure le Maroc est-il touché ? Assurément, des pans entiers de l'économie marocaine sont menacés. En plus du dumping, les pratiques chinoises, bien connues, sont à l'origine de la disparition de plusieurs champs d'activité. À l'image de l'Association marocaine de Plasturgie qui n'a de cesse de tirer la sonnette d'alarme, sa composante sandales en plastique est déjà amputée de 90% de sa capacité de production (cf. article page 15). Quelles mesures le gouvernement pourrait-il prendre pour aider les PME menacées par le «péril jaune»? Contactés par ALM, ni le ministre concerné, Salah Eddine El Mazeouare, ni son cabinet n'ont donné suite à nos interrogations. De l'aveu même des membres des fédérations menacées, les réunions se succèdent, mais rien de concret n'est mis en chantier ! Ailleurs, en Amérique ou en Europe notamment, les autorités ont concocté des politiques actives pour faire face à la montée en charge de la puissance chinoise. Les plans d'action engagés visent l'accès à un maximum d'information, de sensibilisation et de formation. Leurs actions visent la simplification et le réaménagement des programmes d'aide aux PME ; le suivi de très près du dumping et l'action au moindre manquement. Diminuer le temps de traitement des demandes d'aide est un facteur déterminant. Réduire les taxes tout en allégeant le fardeau bureaucratique des PME, qui, lorsque chiffré, représente un important pourcentage de la masse salariale qui ne peut malheureusement pas être utilisé à d'autres fonctions beaucoup plus rentables est assurément un facteur de compétitivité accrue. En face, les dirigeants de la Chine ont jeté les bases d'une nouvelle grande puissance aussi fascinante qu'inquiétante. Plus d'un demi-siècle après l'instauration du régime communiste, le pays vit une triple mutation économique. Résultat : l'empire du Milieu est au sixième rang économique mondial, porté par une croissance inouïe de près de 10 % par an, pendant vingt ans ! D'ores et déjà premier producteur de la planète dans plus d'une centaine de secteurs, ce pays communiste est devenu l'eldorado des multinationales occidentales. La Chine s'est mise en situation de rafler de nombreuses médailles sur le terrain économique. Même l'émergence des Etats-Unis et de l'Allemagne comme puissances industrielles à la fin du XIXe siècle n'avait pas déstabilisé à ce point l'économie mondiale, ni provoqué une réorganisation aussi violente des circuits de production mondiaux. Parce qu'elle offre des salaires 40 fois inférieurs à ceux des ouvriers américains, la Chine est devenue en dix ans l'épicentre de la mondialisation. Au rythme actuel, elle dépassera l'Allemagne comme troisième puissance manufacturière du monde, selon les experts de BNP Paribas Peregrine, avant de devenir, en 2050, la première puissance économique de la planète, d'après les projections de Goldman Sachs. Mieux encore, les Chinois ne se contentent plus de produire à bas prix. Ils ont acquis un savoir-faire dans des domaines de pointe et s'aventurent aussi sur le marché mondial sous leur propre marque. Il est devenu prioritaire de défendre la réputation du savoir-faire technologique chinois est devenu une priorité nationale et de gommer l'image du produit bas de gamme et peu fiable fabriqué dans quelque sinistre hangar. La Chine industrielle, désormais, est à l'image de son nouveau héros high-tech, Yang Liwei, premier spationaute chinois. Et les entreprises nationales sont invitées à tenir leur rang. Le respect des délais, l'amélioration de la qualité et le marketing de masse sont le nouveau credo des exécutifs. La société de consommation chinoise est en marche Dans la sphère informatique, un autre nom fait trembler les leaders occidentaux : Legend, l'empereur du PC chinois. L'histoire de cette entreprise est une vraie success story à la chinoise, mélange de dirigisme et de capitalisme sauvage. En 1984, une poignée de techniciens de l'Académie des sciences à Pékin sont « encouragés » à créer une petite entreprise de distribution de matériel informatique. L'Etat leur offre une aide symbolique : l'équivalent de 30 000 euros. L'Académie leur cède un cabanon... Durant six ans, la petite troupe distribue les marques IBM et AST à travers le pays. Puis elle décide d'assembler elle-même ses machines et de les vendre sous son nom. Impossible aujourd'hui de rivaliser en Asie avec le n° 1 Legend, 2,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires, un tiers du marché chinois et plus de 13 % de parts de marché en Asie-Pacifique.