Le premier ministre turc a reconnu lundi qu'il pourrait démissionner si l'un de ses derniers partenaires, le ministre de l'économie Kemal Dervis, quittait à son tour son poste après être parti du DSP. «Si on demande à M. Dervis de quitter le gouvernement, cela peut créer des problèmes (...) ma démission serait alors obligatoire», a déclaré Bulent Ecevit lors d'un entretien au journal Milliyet, publié lundi. Les propos du chef du gouvernement de coalition sont intervenus après les démissions en série des ministres et députés de son parti de la gauche démocratique (DSP) la semaine dernière. M. Dervis, grand artisan du plan de sauvetage économique conclu avec le Fonds monétaire international (FMI) pour sortir le pays de la crise apparue en février 2001, avait d'ailleurs déjà démissionné jeudi dernier avant de revenir sur sa décision. Et d'éviter un effondrement total du parti d'Ecevit déjà sur le point de perdre sa majorité au Parlement. M. Dervis a toutefois bel et bien quitté le DSP pour rejoindre le nouveau parti pro-européen lancé par deux autres ministres démissionnaires, celui des affaires étrangères Imail Cem, et l'ex-bras droit d'Ecevit, Husamettin Ozkan. En attendant le départ probable de M. Dervis – dont la présence ou non au conseil des ministres de mercredi sera significative – sa nouvelle formation a, elle, déjà entamé son entrée politique ce week-end. M. Cem a même amorcé une véritable campagne électorale alors que son parti n'a encore ni existence légale ni nom officiel (il est actuellement appelé «Nouvelle genèse»). «Notre but est d'arriver seuls au pouvoir dès les prochaines élections», a répété samedi M. Cem lors de ses apparitions publiques. Tous les partis, y compris les deux alliés gouvernementaux de Bulent Ecevit, réclament aujourd'hui des élections législatives anticipées. Une convocation extraordinaire du Parlement le 1er septembre pourrait même fixer le scrutin à l'automne. Un état de quasi-chaos politique qui n'a pas empêché dimanche la visite du secrétaire d'Etat adjoint à la défense américain Paul Wolfowitz dont les discussions devaient porter sur une éventuelle attaque des Etats -Unis contre l'Irak. Une telle intervention nécessiterait l'accord de la Turquie, dont Washington juge le gouvernement… «fonctionnel».