Mercredi, le premier ministre a appelé la «gauche nationaliste» à rallier son parti. La gauche démocratique est pour le moins en déroute à la veille des élections législatives anticipées de novembre. Au vu des nombreuses défections dont son parti et son gouvernement ont fait l'objet depuis début juillet, le premier ministre turc a de quoi s'inquiéter quant à l'avenir de sa formation, la gauche démocratique (DSP) lors du prochain scrutin législatif. Lui-même, malade et absent de la scène politique de mai à juillet, s'était retrouvé isolé voici plus d'un mois lorsqu'il s'était fermement opposé à toute avancée de la tenue des élections prévues en avril 2004. Et cela malgré les nombreuses critiques et appels à sa démission justifiés par son mauvais état de santé et généralisés dans l'ensemble de la classe politique, proches y compris. Conscient que son parti, déserté par ses principaux responsables, ne peut se sortir seul d'un tel scrutin, Bulent Ecevit a donc invité mercredi la «gauche nationaliste» à rejoindre les rangs du DSP. Un appel qui ne s'adressait qu'aux personnes «ayant saisi la philosophie et partageant les valeurs de la gauche nationaliste». La gauche turque comprend trois composantes : le DSP du couple Ecevit, le Parti de la nouvelle Turquie (YT) créé en juillet par l'ex-chef de la diplomatie Ismail Cem – il regroupe 60 ex-députés du DSP – et le Parti républicain du peuple (CHP) de Deniz Baykal rejoint par l'ex-ministre de l'économie, Kemal Dervis. Le premier ministre aura donc certainement du mal à convaincre ses ex-partenaires de faire alliance avec lui pour remporter la majorité des sièges au futur Parlement et formé une nouvelle coalition. A moins que la menace de plus en plus sérieuse d'une victoire du parti islamiste modéré de la justice et du développement (AK), en tête des sondages, ne l'emporte sur les désaccords internes. Quoiqu'il en soit, le premier ministre a déjà assuré qu'il ferait «tout son possible pour que son parti redevienne le premier du Parlement» lors du scrutin du 3 novembre. Une échéance publiquement soutenue depuis mardi par l'armée, gardienne de la laïcité des hautes instances civiles. Le chef d'état-major turc, le général Huseyin Kivrikoglu, a en effet appelé le Parlement à respecter sa décision d'organiser des élections anticipées. «Personne ne souhaite que le pays soit entraîné vers le chaos», a-t-il ajouté.