«La poésie est un art qui est devenu de plus en plus engagé. Je m'accroche à cet art distingué par sa force de frappe. La poésie nous permet de rester vivants et fidèles à certaines valeurs». Le Salon international de l'édition et du livre de Casablanca (SIEL) qui se poursuit jusqu'au 21 février a accueilli le grand écrivain et poète Abdellatif Laâbi, en marge d'une rencontre organisée dimanche à la salle Mohammed Larbi Messari. Présent dans le paysage artistique marocain, Abdellatif Laâbi est l'un des grands noms qui ont élaboré les questions relatives à la poésie marocaine moderne d'expression française. L'enjeu en est une poétique profonde, fluide et engagée qui porte toujours sur les grandes questions sociétales et humanitaires. Que ce soit dans la poésie ou le roman, Abdellatif Laâbi demeure fidèle à ce choix de principe qui était à l'origine de bien de difficultés affectant sa liberté personnelle, mais sans toucher pour autant son esprit créatif. Dans ce sens et en marge de cette rencontre, Laâbi a abordé certains des aspects lié s à son expérience poétique. Il a d'ailleurs évoqué quelques-unes de ses nouvelles publications, notamment «J'atteste contre la barbarie», (livre jeunesse, Editions Rue du Monde), «Le principe d'incertitude» (recueil de poésie) paru chez l'édition de la différence et «l'Arbre à poème» (Anthologies personnelles, 1992-2012) (Editions Gallimard. Collection poésie/Gallimard). «La poésie est un art qui est devenu de plus en plus engagé. Je m'accroche à cet art distingué par sa force de frappe. La poésie nous permet de rester vivants et fidèles à certaines valeurs qui ont donné un sens à la vie», a-t-il exprimé. Son recueil «J'atteste contre la barbarie», paru en décembre 2015, est un livre lumineux, empreint de valeurs humanistes pour faire face à la violence et aux intégrismes. Il réaffirme en quelques mots forts la supériorité absolue des valeurs humaines: l'amour, le respect de la vie et de l'Autre, le refus de la haine. À propos de ce recueil, Laâbi a souligné que «ces textes écrits en réponse aux attentats, aux tragédies, aux drames que nous sommes en train de vivre aujourd'hui». En ce qui concerne son deuxième recueil de poésie, «Le principe d'incertitude», Laâbi présente un ton incisif. «À travers ce recueil, j'ai utilisé l'image du poète, cet être humain souvent oublié». Quant à son dernier recueil traduit en arabe, «l'Arbre à poème», l'écrivain n'a pas manqué de montrer son attirance pour la langue mère, la langue arabe. «J'ai découvert que l'arabe est la plus belle langue. Elle se caractérise par sa richesse, sa profondeur et son économie étrange», indique-t-il. Interrogé sur la manière de choix de poésie et son privilège, l'écrivain a souligné : «Dans cette collection, j'ai choisi des textes. J'ai la chance extraordinaire de publier dans cette collection, pas très chère et qui touche un public beaucoup plus large». Et d'ajouter : «J'ai pensé à ce public de présenter un ensemble de mon introduction poétique et de sa variété. J'ai choisi 20 ans de cette période. Je crois que lors de cette période j'avais atteint une sorte de plénitude, en tant que poète».