Algérie. Après le dernier attentat à la bombe, qui a tué 38 personnes vendredi près de la capitale, la presse a largement mis en cause dimanche le manque de sécurité et le silence des autorités. Vendredi dernier, le Groupe islamique armé a une nouvelle fois prouvé que rien ne pouvait l'empêcher de massacrer dans la capitale ou ses environs. La tuerie de Larbâa, ce bourg agricole aux portes d'Alger, lui a été unanimement attribuéé, la zone comme les méthodes étant fidèles aux habitudes du GIA. Ce massacre, survenu vendredi matin, à une heure de grande affluence lors du marché, est même le plus meurtrier de l'année. Il a été suivi de deux autres déflagrations, l'une sur une plage de Sidi Ferruch, région sous haute sécurité où vivent de hauts responsables gouvernementaux et où deux baigneurs ont été blessés, l'autre dans un cimetière des environs de Jijel, à 220 km à l'est d'Alger, faisant là aussi deux blessés. A 20 km au sud d'Alger, dans ce village de la plaine agricole de la Mitidja, trente-huit personnes -dont deux ressortissants nigérians - sont donc mortes et quatre-vingt autres blessées vendredi. La bombe de forte intensité, dissimulée dans un regard, a explosé le jour du 40ème anniversaire de l'indépendance du pays. Alger et ses alentours avaient pourtant été récemment placés sous haute surveillance après la série d'attaques du mois de juin. Douze personnes avaient ainsi été tuées près de la capitale, à Khraïcia et Douéra, avant le massacre de sept jeunes sur une place de la station balnéaire de Zéralda, à l'ouest. Le GIA n'avait pas non plus hésité, le 28 juin, à mitrailler un bus dans le quartier des Eucalyptus, au sud d'Alger, tuant 13 passagers et blessant 9 autres. Le surlendemain, en plein jour, deux policiers avaient été abattus dans un quartier très surveillé de la capitale. Selon la presse, le GIA cherche à obtenir un retentissement médiatique d'autant plus important qu'il avait été laissé pour mort après l'élimination de son chef Zouabri en février. Les journaux revenaient aussi ce dimanche sur les funérailles des 38 victimes de Larbâa, tout en critiquant de manière unanime l'incapacité des autorités à assurer la sécurité de la population, et, pire, leur silence déconcertant. «Que faire pour assurer la sécurité au niveau des plages ?» s'interrogeait ainsi le Matin expliquant que «depuis 1998, une vingtaine d'engins explosifs ont été déposés dans plusieurs complexes touristiques et plages». Et le quotidien de commenter également «l'indécence du Président». «Le peuple «résiduel» meurt sous les balles assassines des terroristes islamistes en 2002, dans l'indifférence des gouvernants en Algérie qui doivent se mordre les doigts depuis le massacre de Larbâa. La condamnation de cet acte odieux n'est pas venue d'eux», allusion faite au message du ministre français des affaires étrangères, Dominique de Villepin. «Abdelaziz Bouteflika (…) a «oublié», une fois de plus, une fois de trop, son propre peuple». Liberté ajoutait pour sa part que «pas un officiel de haut rang ne daignera faire le déplacement depuis Alger, alors qu'il s'agit tout de même du massacre le plus meurtrier de l'année». Et ce alors que le jour même, et pour la première fois, un responsable militaire mettait en cause les autorités civiles. Intervenant dans les colonnes du quotidien d'Oran, le général Fohdil Chérif, chef de la première région militaire (secteurs d'Alger et de Blida) a reproché aux autorités civiles de ne pas faire leur travail. «(...) Il y a des gens qui ne veulent pas exécuter les lois et ceux qui doivent les faire respecter ne sont pas mieux(...). La responsabilité est collective». «Où est l'autorité de l'Etat ? Où est l'autorité de la commune ?», s'est-il interrogé citant le marché de Larbâa, où des commerçants avaient été autorisés à passer la nuit à l'intérieur du marché, ce qui est interdit.