Alors que les groupes armés continuent de tuer et le général Nezzar est à Paris, pour défendre l'honneur de l'armée algérienne souillé par le livre de Souaïdia, «La sale guerre», le général Mohamed Lamari, patron de l'armée algérienne, brise le silence, pour la seconde fois en moins de deux mois. Le quotidien algérien «Le Matin» écrit, mercredi, que les sorties du général de corps d'armée Mohamed Lamari, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP), «suggèrent» qu'entre l'institution militaire et la Présidence de la République, les relations sont tumultueuses. Lors d'une rencontre informelle, mardi, avec la presse algérienne, le patron de la «grande muette» s'est appesanti sur les critiques en reprenant quasiment les mêmes propos que ceux tenus par une «source autorisée» au «Soir d'Algérie» et publiés le 23 juin dernier. «L'armée ne s'occupe plus que de sa mission telle que prévue par la Constitution, ni plus ni moins», dit-il. A savoir la préservation de l'intégrité territoriale. La mission de l'armée qui occupe depuis lundi les devants des médias avec le procès de Nezzar-Souaïdia à Paris, réaffirme Mohamed Lamari, renvoie d'un revers de la main ceux qui voient des généraux derrière tout problème, y compris celui de «la catastrophe de Bab El Oued», dit-il. «Ces milieux», qu'il a néanmoins refusé d'identifier, affirme-t-il, savent qu'hormis notre mission «le reste ne nous concerne pas». «Il y a un Exécutif et des institutions, et c'est à eux seuls de décider». Autrement dit, les militaires ne sont pas là pour créer ou résoudre des problèmes politiques, économiques, sociaux ou autres ou se «substituer à d'autres organes de l'Etat». Pour donner la preuve que son institution ne s'ingère plus dans la chose politique, et particulièrement dans les prérogatives du Président de la République, il cite l'exemple de la formation de l'avant-dernier gouvernement dont il aurait pris connaissance «comme n'importe quel citoyen». «Ce ne sont pas des propos démagogiques, c'est la réalité», dit-il. Une certitude, poursuit «Le Matin», la sortie de Mohamed Lamari se veut comme une série de mises au point à tous les politiques qui veulent faire porter à l'armée leur échec en prétextant de l'existence d'«un cabinet noir» qui bloque leurs initiatives ou qui décide selon ses intérêts. Il en veut aux nationaux d'abord qui «par intérêt, qui par calcul» mettent tout sur le dos de l'armée et de ses généraux qu'ils insultent pour «être connus» à l'étranger. Aux milieux étrangers ensuite, qui traitent régulièrement les militaires algériens de «voleurs et de tueurs» et qui voient derrière le mal du pays l'ANP. Revenant à l'implication de son institution durant la dernière décennie dans les problèmes politiques du pays, il l'explique par la défaillance des institutions. «Nous avons essayé de pallier cela et la République a été sauvegardée.» Quant à la lutte contre le terrorisme, il persiste et signe. «Nous le ferons jusqu'au bout», a-t-il conclu en réfutant, comme la source autorisée, tout accord entre l'armée et l'AIS, le bras armé du Front islamique du salut (FIS dissous). Sur le terrain, la violence continue de faire rage. A Miliana, Un couple a été retrouvé égorgé, après avoir été criblés de balles et deux « terroristes » ont été abattus par l'armée à Aïn Touta.