Seize pays africains, dont le Maroc, étaient réunis mardi à Dakar pour élaborer une stratégie de lutte commune contre les criquets pèlerins qui font peser sur l'Afrique la menace d'une famine sans précédent. La sonnette d'alarme du FAO pèse lourdement sur le rendez-vous des ministres de l'Agriculture et de la Défense de seize pays africains à Dakar. Réunis pour mettre en commun leurs moyens de lutte contre les criquets pèlerins qui s'abattent actuellement en masse sur plusieurs pays sahéliens, les ministres doivent garder à l'esprit que cet insecte menace «la sécurité alimentaire de millions d'habitants de la région », selon les termes du communiqué de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). L'agence indique que la situation acridienne pourrait se détériorer davantage au cours des prochaines semaines avec la formation de nouveaux essaims en septembre, qui menaceraient gravement les cultures. Le Maroc n'est pas à l'abri de cette menace. Et la situation de la Mauritanie où de vastes zones ont été dévastées incline à la vigilance. Les treize pays membres de la CLCPRO (Commission de lutte contre le criquet pèlerin en région occidentale) sont représentés à Dakar. Les pays concernés sont le Maroc, l'Algérie, la Libye, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, le Tchad, la Tunisie, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Burkina Faso et la Gambie, auxquels s'ajoutent trois pays non membres, également invités : l'Afrique du Sud, l'Egypte et le Nigeria. Le Maroc est représenté par le secrétaire d'Etat au ministère de l'Agriculture, du Développement rural et des Pêches maritimes, Mohamed Mohtem. La rencontre a été organisée à la demande du président du Sénégal, Abdoulaye Wade. «Cette réunion doit être un tournant décisif dans la lutte et déboucher sur des solutions concrètes», a déclaré le chef de l'Etat sénégalais, à l'ouverture de la réunion mardi matin. «L'heure n'est plus aux discours, mais à l'action », a-t-il affirmé. Cette action dépend de l'aide financière internationale. La FAO estime cette aide à 100 millions de dollars. La communauté internationale a réagi favorablement à son appel en débloquant seulement 32 millions de dollars. C'est insuffisant. Et l'urgence d'engager la lutte sur plusieurs fronts ne permet pas de perdre davantage de temps. Poussés par le vent, des essaims gigantesques venus du Sahel continuent de s'abattre sur la Mauritanie, le Sénégal, le Mali, le Niger et le Tchad, où ils perturbent la saison hivernale des semis, dévorant toute la végétation sur leur passage. La multiplication des criquets est favorisée par les pluies estivales abondantes tombées dans le Sahel, et propices à la reproduction de cet insecte. Le Maroc a engagé des moyens considérables pour décimer les essaims de criquets. Cette lutte a été récompensée par un retour au calme, remarqué pendant le mois d'août. Mais la vigilance reste de mise.