Plusieurs signes indiquent la recrudescence de la menace acridienne. La FAO parle d'une “situation extrêmement préoccupante“ et appelle à la mobilisation internationale contre un insecte qui met en danger la sécurité alimentaire dans de nombreux pays. Le Maroc est au premier rang des pays sur lesquels pèse cette menace. Le criquet menace la sécurité alimentaire de l'Afrique du Nord. L'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a tiré la sonnette d'alarme. Elle a jugé “extrêmement préoccupante“ la menace des criquets pèlerins et mis en garde contre la possibilité d'une “invasion généralisée“. Le Maroc est au premier rang des pays sur lesquels pèse cette menace. En dépit d'une lutte acharnée, de moyens humains et matériels considérables, “la situation acridienne demeure très inquiétante au Maroc, et nous redoutons tous un fléau national“, déclare à ALM un responsable au ministère de l'Agriculture. Au Poste central de Coordination de la Lutte antiacridienne (PCCLA), basé au groupement aérien de la Gendarmerie Royale à Rabat, les consignes sont martiales : ne rien dire. Un communiqué est diffusé chaque semaine pour dresser, laconiquement, l'état des lieux. Pourtant, les fuites laissent entendre que les mille hommes qui luttent d'arrache-pied contre les acridiens sont insuffisants pour arrêter leur avancée. Le dernier communiqué du PCCLA date de mardi. Il précise que 514 855 ha ont été traités jusqu'au 21 mars. Les régions concernées par les opérations sont principalement Bouarfa, Errachidia, Ouarzazate, Smara, Dakhla, Bir Anzarane, Boukraa, Lâayoune, Ait Melloul et Tata. En somme, des villes situées à l'est et au sud du pays. Le PCCLA ajoute que les actions de traitement contre les criquets se poursuivent actuellement avec une cadence quotidienne de près de 16 000 ha. La FAO loue les actions du Maroc. Le communiqué de cette agence onusienne, établie à Rome, souligne que des opérations de lutte aérienne et terrestre intensives sont en cours au Maroc. Elles visent des essaims en ponte dans les aires de reproduction printanière de la vallée du Drâa. Toutes les craintes viennent de là. Si ces œufs venaient à éclore, il faudrait redouter le pire. Rien ne peut entraver la progression des jeunes criquets dont la voracité est inépuisable. Et justement, la superficie de larves traitée sur le sol marocain, soit 37 096 ha, en dit long sur les risques d'invasions futures. Les risques d'éclosions de bandes larvaires ne sont pas les seuls à redouter. Selon la FAO, il faut s'attendre, dans les prochaines semaines, à l'arrivée au Maroc et en Algérie de nouveaux essaims en provenance du nord de la Mauritanie. Dans ce pays, les bandes larvaires n'ont pas été suffisamment traitées, parce que les moyens de lutte antiacridienne dont dispose ce pays ont été épuisés. La FAO a lancé un appel d'urgence aux bailleurs de fonds pour collecter un montant de 6 millions de dollars, afin de poursuivre et renforcer les opérations de lutte en Mauritanie. Elle a également réclamé 3 millions de dollars supplémentaires pour le Mali, le Niger et le Tchad. “L'assistance de la communauté internationale est indispensable dans les meilleurs délais pour éviter qu'une invasion ne se développe“, souligne l'organisation onusienne. Si les opérations de prospection et de lutte contre les criquets ralentissent ou s'interrompent en Afrique du nord-ouest au cours des prochains mois, de nouveaux essaims se formeront et se déplaceront vers le Sahel, en Afrique de l'ouest, au début de la prochaine saison des pluies. La FAO avertit que “les conséquences seraient dramatiques pour la sécurité alimentaire de la région“.