L'agriculture "sera en danger à partir de février 2005 sur une échelle bien plus importante qu'en 2004" en Algérie, en Libye, au Maroc et en Tunisie en raison des invasions de criquets, ont indiqué lundi à Dakar des experts de la FAO. Plus que jamais, la menace du criquet plane sur la sécurité alimentaire de l'ensemble des pays du Maghreb. Ce sont les experts de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) qui viennent de tirer, pour la énième fois, la sonnette d'alarme. L'urgence d'une action d'envergure se fait, cette fois-ci, de plus en plus pressante. "La préparation d'une campagne antiacridienne juste au sud des monts Atlas pour le printemps et l'été prochains doit démarrer. À partir de février 2005, l'agriculture en Algérie, en Libye et en Tunisie sera en danger sur une échelle bien plus grande qu'en 2004", a indiqué Saïd Ghaout, directeur du centre national de lutte antiacridienne marocain, basé à Agadir, lors d'une rencontre avec la presse. À ce stade, "les pays en danger en Afrique du Nord sont en train d'identifier leurs besoins, notamment en pesticides, en avions et en véhicules, et de développer leur capacité de détection des insectes", a-il ajouté. À en croire le responsable, ce danger ne se posera pas uniquement en termes de destruction des récoltes mais aussi "en termes d'impact social". Et pour cause : "Des villages entiers risquent de gagner la ville pour chercher du travail. Et s'il n'y en a pas, il y a un risque pour la stabilité et la sécurité des pays concernés", a-t-il dit. Toujours selon le même responsable, une première vague de criquets pèlerins avait été stoppée près de l'oued Draâ, au sud du Maroc, et dans les régions de Tamanrasset et Tindouf, dans le Sahara algérien, durant le week-end écoulé. D'autres essaims ont été, selon lui, repérés dans la région de Tlemcen, près de la frontière algéro-marocaine, et des recherches sont en cours pour vérifier que des essaims repérés en mer ne se dirigeaient pas vers la Casamance (sud du Sénégal) ou la Gambie. Le plus grave, c'est qu'il ne s'agit que « d'une première vague » et le flot continue. En clair, les criquets pèlerins quittent actuellement le Sahel pour se diriger vers le Maghreb et la partie nord-ouest de la Libye. Déjà, le secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires, Jan Egeland, avait évoqué, le 7 octobre dernier à Genève, le "danger" représenté par les criquets qui se sont abattus par essaims entiers, ces derniers mois, sur le nord et l'ouest de l'Afrique. "Il s'agit d'un danger beaucoup plus grand pour la subsistance des populations que n'importe quelle guerre actuelle sur le continent africain, y compris le Darfour soudanais, avait estimé le responsable onusien. Les multiples alertes de la FAO ont également marqué le rendez-vous des ministres de l'Agriculture et de la Défense de seize pays africains, réunis depuis mardi dernier à Dakar. L'objectif de cette rencontre a été de mettre en commun leurs moyens de lutte contre les criquets pèlerins qui s'abattent en masse sur plusieurs pays sahéliens. Un insecte qui menace «la sécurité alimentaire de millions d'habitants de la région », selon les termes du communiqué de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).