La semaine dernière, une vague de criquets a tenté une nouvelle infiltration, vers les zones climatiques favorables. Les équipes de traitement marocaines restent vigilantes. Après avoir traversé plusieurs centaines kilomètres, en provenance des pays du Sahel, les essaims de criquets ont atteint Laâyoune. Ces envahisseurs, d'un genre particulier, y sont restés deux jours, vendredi et samedi derniers. Cet événement peut semer la panique dans les esprits de bon nombre de personnes. Mais selon Saïd El Ghaout, directeur du Centre national de lutte antiacridienne, basé à Aït Melloul près d'Agadir, cette nouvelle attaque de criquets "était parfaitement prévisible". "Nous les avons, d'ailleurs, complètement anéantis". Il s'agissait d'une vague composée de criquets immatures, c'est-à-dire pas encore capables de se reproduire. C'est un détail important. Car la lutte contre les essaims de criquets nécessite des efforts, financiers et techniques, considérables. En tout cas, dans cette dernière bataille qui s'est déroulée dans une bonne partie des provinces du Sud, le Centre national de lutte antiacridienne a utilisé sept avions de traitement ainsi que plusieurs véhicules tout terrain. En outre, El Ghaout a rappelé que, pour des raisons de santé évidentes, la lutte contre les essaims de criquets au niveau des villes est assez délicate. Et pour cause, les équipes de traitement ne peuvent pas utiliser les avions. Elles se contentent donc des pulvérisateurs montés sur des véhicules tout terrain. "Nous ciblons essentiellement les espaces verts, loin des populations". En tout cas, cela a suffi pour mettre un terme à cette nouvelle tentative d'infiltration des essaims de criquets ravageurs. Car sinon, les criquets auraient déjà atteint la ville de Tanger où même l'Espagne. Ces insectes sont capables de parcourir 200 kilomètres par jour, voire davantage avec l'aide du vent. "Il faut donc bien comprendre que la lutte contre l'invasion acridienne est longue", poursuit El Ghaout. Et d'ajouter que "les équipes de traitement se tiennent prêtes pour chaque nouvelle invasion". A noter que les criquets attaquent toujours par vagues successives. A chaque reprise, ils sont interceptés et anéantis. Leur but ultime est d'atteindre les zones au-delà de l'anti-Atlas. Dans ces régions, les conditions climatiques sont hautement favorables pour que les criquets passent de l'immaturité à la maturité. Ce serait une catastrophe pour l'agriculture marocaine. En d'autres termes, aujourd'hui, les conditions écologiques au Sahara sont défavorables aux criquets. Le manque de pluie dans les provinces du Sud est considéré comme un élément positif par les équipes de traitement. Par ailleurs, Saïd El Ghaout estime que les dégâts sur l'agriculture marocaine ne seront évalués qu'une fois le danger complètement écarté. "Il y a le feu à la demeure, éteignons-le d'abord, et passons ensuite à l'évaluation des dégâts". En attendant, le Maroc est considéré comme une référence à l'échelle mondiale en matière de lutte antiacridienne. "Les experts marocains sont sollicités par les organismes internationaux tels que la FAO et bon nombre de pays ont carrément calqué le modèle marocain", a estimé El Ghaout. En outre, le Maroc est le pays le plus actif dans le cadre de la coopération internationale. "Nous avons envoyé à des pays sahéliens, l'été dernier, des dispositifs de lutte contre la prolifération des criquets (pesticides, avions, moyens terrestres…), soit l'équivalent de 3 ou 4 millions de dollars", poursuit El Ghaout.