Le ministre de l'Agriculture et de la Pêche maritime, Mohand Laenser, estime que la situation est actuellement maîtrisée. Mais, il avoue que l'aide internationale est très en deçà des besoins. ALM : Les essaims de criquets continuent d'avancer et constituent toujours une menace. Est-ce que la situation est alarmante? Mohand Laenser : D'abord, la lutte continue et la mobilisation jour et nuit des équipes chargées de lutter contre l'avancée des essaims a permis de traiter, jusqu'à aujourd'hui, plus de deux millions et demi d'hectares. Et si, il y a quelques semaines, nous traitions 20.000 hectares par jour, nous sommes passés, aujourd'hui, à 100.000. Nos efforts se concentrent sur la nécessité d'éviter que les colonies de criquets ne puissent arriver aux zones fragiles. Certes, il y a eu dernièrement des infiltrations d'essaims qui sont arrivés, grâce à un mouvement des vents qui leur a été favorable, dans la région de Midelt, mais nos équipes ont réussi à faire face à cette menace. Et je peux vous assurer que cette région ne court plus aucun danger. Et comme, nous l'avons toujours fait, nos efforts se concentrent sur un objectif prioritaire à savoir bloquer l'avancée des essaims au-delà de l'Atlas afin d'éviter qu'ils arrivent aux zones agricoles sensibles. Car, il faut savoir que dans la lutte antiacridienne, il y a trois lignes de défense. La première se situe dans les pays subsahariens, la deuxième est au Sahara et la troisième est située dans les montages de l'Atlas qui constitue notre dernière ligne de lutte. Cela signifie que les équipes marocaines combattent les essaims uniquement sur les deux dernières lignes… Effectivement. D'où la nécessité de la coopération de tous les pays concernés. La lutte contre le criquet pèlerin n'est pas l'affaire d'un seul pays, car les essaims ne suivent pas un itinéraire ayant une trajectoire rectiligne. Les déplacements dépendent de plusieurs aléas dont le sens et la vitesse des vents, les conditions climatiques et autres. Et selon ces conditions, il se déplace d'une région à l'autre et d'un pays à l'autre. Les pays voisins coopèrent-ils efficacement dans cette lutte ? Il faut avouer qu'en ce qui concerne la Mauritanie, ce pays manque de moyens de lutte contre ce fléau ce qui a fait qu'il est devenu au fil des années un foyer permanent d'essaims de criquets. Mais, cette situation est en train de s'améliorer. Pour ce qui est de l'Algérie, l'on doit reconnaître qu'il y a quelque temps, les zones algériennes affectées étaient uniquement des zones sahariennes ce qui a fait que le problème n'était pas évalué à sa juste mesure. Mais, dernièrement, nos amis algériens ont senti l'imminence du danger et notre collaboration est devenue plus efficace. D'ailleurs, nous avons créé un centre de coordination au niveau central comme au niveau régional. À Bouarfa, nos équipes travaillent en coopération permanente avec les équipes algériennes et échangent parfaitement les informations entre eux. Le Maroc est-il soutenu par des entités internationales dans la lutte qu'il mène contre les essaims de criquets ? Malheureusement, et en toute sincérité, la coopération internationale existe, mais elle reste en deçà des nécessités. D'autant plus que la lutte antiacridienne est une affaire urgente ce qui fait que l'on ne peut pas se permettre d'attendre les aides internationales dont nous avons besoin. La FAO a dernièrement parlé de 9 millions d'euros qui seraient destinés à la lutte antiacridienne. C'est un chiffre très faible si l'on tient compte des besoins. Au Maroc, nous avons dépensé jusqu'aujourd'hui, la somme de 80 millions de dollars et la lutte continue. En connaissance de la situation réelle sur le terrain, est-ce que le ministre de l'Agriculture est rassuré ? Je suis tout à fait confiant dans l'efficacité des équipes de lutte, et je peux rassurer les agriculteurs que la situation est actuellement maîtrisée.