Le gouvernement espagnol a décidé de procéder à la régularisation de la situation des sans-papiers qui se trouvent en Espagne. Une mesure qui devrait bénéficier à environ 70.000 Marocains. On s'y attendait depuis la victoire électorale du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) en mars dernier. Le gouvernement espagnol, présidé par le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, a annoncé sa décision de régulariser la situation des immigrants clandestins qui vivent en Espagne. C'est la secrétaire d'Etat espagnole à l'Immigration, Consuelo Rumi, qui a annoncé la nouvelle, dimanche, dans un entretien accordé à un quotidien madrilène. La responsable espagnole a affirmé dans le cadre de la nouvelle politique en matière d'immigration, que le gouvernement espagnol a l'intention d'adopter dès le mois prochain, d'un programme d'intégration sociale des immigrants. Ainsi, le gouvernement régularisera la situation des sans-papiers qui se trouvent en Espagne depuis plusieurs mois et qui réussissent à obtenir une offre sérieuse d'emploi garantie par un contrat de travail. Consuelo Rumi a précisé que seuls bénéficieraient de ce programme les immigrants qui réussiront à prouver avoir "un contrat de travail probant" et qui vivent en Espagne "depuis beaucoup de temps" et plus précisément depuis "l'étape chaotique" du gouvernement du Parti populaire (PP). Néanmoins, la secrétaire d'Etat espagnole a averti que pour être régularisés, les sans-papiers devront avoir une "offre significative" qui pourrait se matérialiser ensuite en poste d'emploi stable et durable. Elle a aussi indiqué que la régularisation ne va pas "résoudre la situation de ceux qui sont venus hier ou il y a trois mois". "Le gouvernement veut résoudre les problèmes de plusieurs personnes qui se trouvent ici (en Espagne) dans des situations que nous avons héritées et auxquelles, l'ancien gouvernement n'avait pas donné d'importance", a expliqué la responsable espagnole. S'agissant des raisons ayant poussé le gouvernement espagnol à prendre cette décision, Mme Rumi a expliqué qu'il s'agit d'une réponse favorable à plusieurs appels lancés par "plusieurs politiciens, organisations sociales, syndicats, entrepreneurs et gouvernements autonomes". En plus, cette mesure permettra, selon la responsable espagnole, de mettre la lumière sur "l'économie souterraine" où sont exploités ces travailleurs. S'agissant d'un éventuel "effet d'appel à l'immigration clandestine" que pourrait avoir la décision du gouvernement espagnol, Mme Rumi a expliqué que le véritable "effet d'appel" à l'immigration illégale est plutôt créé par l'existence d'une "économie souterraine" et a mis l'accent sur le fait que l'immigration des travailleurs est "une nécessité" pour l'Espagne. "Nous voulons faire émerger l'économie souterraine dont la première victime est l'immigrant qui n'a pas de contrat, n'est pas déclaré, ne cotise pas, ne paye pas d'impôts et ne collabore pas à l'enrichissement du pays", a-t-elle ajouté. Répondant aux critiques de l'opposition menée par le Parti populaire, la secrétaire d'Etat espagnole a estimé que le PP "devrait avoir un peu de pudeur" en critiquant le gouvernement car la situation que l'on essaye de résoudre, on l'a héritée de ce parti". "Le gouvernement du PP nous a laissé une situation chaotique ; il n'a pas réglé les flux et n'a pas contrôlé les frontières ; il a entretenu des relations conflictuelles à l'égard du Maroc avec lequel nous sommes en train d'essayer de rétablir les liens de collaboration", a ajouté Mme Rumi. Elle a aussi rappelé au Parti populaire que "l'arrivée la plus importante des immigrés clandestins a été enregistrée sous le gouvernement populaire" ajoutant que durant son mandat, le nombre des sans-papiers s'est "multiplié par quatre". "Cette situation, nous allons la résoudre ; devant l'inefficacité, une la gestion ordonnée ; devant des flux migratoires désordonnés et chaotiques, des conventions pour faire venir des immigrés avec un contrat de travail ; devant des relations détériorées avec le Maroc, le début d'une relation de collaboration", a ajouté la secrétaire d'Etat espagnole. En ce qui concerne les conditions que les immigrés clandestins doivent remplir pour bénéficier de cette opération de régularisation, Mme Rumi a expliqué qu'il existe deux possibilités : avoir un contrat de travail ou dénoncer les chefs d'entreprise employant des étrangers sans contrat de travail. S'agissant du contrat de travail, les autorités espagnoles mèneront une enquête minutieuse sur chaque contrat, afin d'éviter des spéculations et l'émergence d'un "trafic de contrats". Un trafic qui surgit toujours lors du lancement des opérations de régularisation de la situation des sans-papiers. S'agissant du nombre des immigrés clandestins qui bénéficieront de cette opération, le gouvernement espagnol n'a pas encore avancé de chiffre précis, mais les prévisions parlent de cent mille personnes. Pour ce qui est des Marocains, ils pourraient atteindre les 70.000 bénéficiaires, dont la majorité se trouve en Andalousie et en Catalogne. Ainsi, le gouvernement socialiste espagnol confirme encore une fois sa volonté d'œuvrer pour la décrispation du climat social en Espagne et de développer les relations de coopération avec le Maroc.