L'opération lancée par le gouvernement espagnol pour la régularisation de la situation des immigrés clandestins n'a pas provoqué que des applaudissements. A l'intérieur comme à l'extérieur du pays, les critiques ont fusé de partout. L'opération de régularisation des sans-papiers lancée par le gouvernement espagnol a déclenché une vague de protestations aussi bien en Espagne qu'à l'étranger. En Espagne, le Parti Populaire (PP), leader de l'opposition, s'est opposé à la décision du gouvernement socialiste dirigé par José Luis Rodriguez Zapatero estimant que cette régularisation exceptionnelle aura un effet d'appel à l'immigration clandestine. Pour le chef du gouvernement espagnol, la position du PP n'est pas justifiée étant donné que l'opération a pour objectif de lutter contre "l'emploi illégal, faire affleurer l'économie souterraine et mettre un terme aux coûts sociaux que provoque le travail clandestin". Mais, les populaires justifient leur position par le fait que des milliers de sans-papiers sont venus de toute l'Europe pour déposer leurs demandes de régularisation en Espagne ces dernières semaines. Par ailleurs, plusieurs pays membres de l'Union européenne ont critiqué l'initiative de Madrid qui aurait dû, selon eux, consulter les autres membres avant de procéder à la régularisation des immigrés clandestins. L'Allemagne estime que les effets de cette régularisation s'étendront au-delà des frontières espagnoles puisqu'elle ouvrira les portes de l'Union européenne devant les immigrés qui seront régularisés puisque leurs papiers espagnols leur permettront de circuler librement dans tous les pays de l'Europe. Au Maroc, cette initiative a été bien accueillie par le gouvernement. des milliers de familles marocaines espèrent que leurs proches se trouvant en situation irrégulière en Espagne puissent enfin recevoir leur cartes de résidence. Il est à signaler que plus de 80.000 marocains vont bénéficier de cette régularisation exceptionnelle. Selon le ministère espagnol chargé de l'Immigration, la majorité de ces ressortissants marocains se trouvent sur le territoire espagnol depuis plusieurs années. Certains d'entre eux vivent une situation très difficile puisqu'ils ne bénéficient pas des services sociaux. Rappelons que le décret d'application de la loi sur L'immigration, approuvé par le gouvernement de Zapatero en décembre 2004 prévoit un processus exceptionnel de régularisation massive des immigrés résidant en situation irrégulière en Espagne. Entré en vigueur, le 7 février, le processus concerne près de 800.000 immigrés clandestins, dont presque 100.000 Marocains qui devront présenter leurs demandes dans un délai de trois mois puisque l'opération terminera le 7 mai 2005. Les demandes devront être déposées par les employeurs qui doivent présenter un contrat de travail de six mois de l'immigré clandestin qu'ils veulent embaucher. Ce dernier devrait figurer sur la liste des clandestins recensés dans l'une des municipalités du pays avant le 7 août 2004. Il doit aussi présenter un document prouvant qu'il a un casire judicaire vierge. Le processus commence par le dépôt de la demande de régularisation par l'employeur désirant contracter un immigré en situation irrégulière et se termine par l'octroi à l'immigré d'un permis de résidence et de travail d'une année et d'une carte d'identité pour étrangers, en passant par l'affiliation à la Sécurité sociale. Pour garantir la réussite de l'opération, le ministère espagnol du Travail et des Affaires sociales a mis à la disposition aussi bien des demandeurs que des travailleurs étrangers, pas moins de 742 points d'information. Ces bureaux ont été ouverts auprès des organisations patronales et des grandes centrales syndicales, ainsi qu'au niveau des antennes de 18 organisations non gouvernementales, dont l'Association des Travailleurs et Immigrés Marocains en Espagne (ATIME). Dans le même cadre, le Maroc a mobilisé ses consulats en Espagne pour délivrer sur place une fiche anthropométrique aux ressortissants marocains. Cette mobilisation a pour objectif d'éviter des déplacements et des contraintes supplémentaires aux candidats marocains à la régularisation.