Selon l'armée algérienne, Abdelaziz Bouteflika aurait été «le moins mauvais» de tous les candidats à l'élection présidentielle du 16 avril 1999. Ce qui n'est pas forcément valorisant. L'institution algérienne chercherait-elle à prendre ses distances avec le président algérien ? Sur la base de révélations d'un officier supérieur de l'armée algérienne, la presse se demandait lundi si le président Abdelaziz Bouteflika a été coopté par l'Armée lors de l'élection présidentielle du 16 avril 1999. Une thèse bien évidemment nuancée, pour ne pas dire réfutée, par l'institution militaire. L'armée algérienne souhaitait voir le moins mauvais des candidats accéder à la magistrature suprême écrit le quotidien algérien « Le Soir» citant « une source autorisée du ministère de la Défense nationale. Un vœu qui, dans le contexte de l'époque, recoupait, celui des Algériens, écrit le quotidien «El Watan», qui souligne que «la formule est alambiquée, mais suffisamment subtile pour laisser entendre que Abdelaziz Bouteflika, s'il était alors le «moins mauvais», n'était pas pour autant le meilleur ». Et d'ajouter que «le propos peut de ce fait même donner lieu à des extrapolations. Cette affirmation, qui est une mise au point en différé, éclaire d'un tout autre jour la nature des relations entre l'Armée et le président de la République ». L'institution militaire paraît en fait marquer sa distance par rapport à Abdelaziz Bouteflika, écrit le journal, qui se demande si, à travers ces déclarations autorisées, elle entend se défendre d'avoir, seule, porté Abdelaziz Bouteflika, ou bien cette attitude consacre-t-elle une rupture avérée? Il est clair, écrit «El Watan», que cette sortie médiatique du MDN donnera du grain à moudre à l'ensemble des observateurs qui se sont attachés à déchiffrer l'évolution des rapports entre l'institution militaire et Abdelaziz Bouteflika. Le quotidien revient à la charge dans son éditorial en écrivant que l'armée algérienne est aujourd'hui profondément tiraillée par de graves contradictions. Déserter le champ de la vie politique, dans lequel elle s'est longtemps engluée, n'est pas une mince affaire, poursuit-il, soulignant que «le besoin de se préserver, alors que ses principaux dirigeants sont soupçonnés de tous les torts (corruption, manipulation, prise de décision en lieu et place des institutions du pays…) peut paraître légitime». Et d'en arriver à la conclusion que «la marge de manœuvre est bien étroite». Les négociations engagées avec l'OTAN, l'aspiration de jeunes officiers à promouvoir une armée moderne, imposent à l'Armée nationale populaire (ANP) une adaptation politique et des révisions déchirantes, ajoute l'éditorialiste, qui souligne que « les généraux algériens ne peuvent plus être des faiseurs de rois ». L'auteur souligne que la « source autorisée (…) cache mal d'ailleurs une tentative de justification des choix politiques de ces dernières années». Nul n'est pourtant dupe, assène-t-il, en ajoutant que la réalité de l'exercice du pouvoir politique est détenue par les militaires, et cela depuis plus de 40 ans. Il explique cette réalité par le contexte historique et la guerre pour l'indépendance qui a forgé une armée de libération qui ne s'est pas contentée de mettre fin au système colonial, mais qui a pesé, de manière brutale, dans les choix politiques, qui ont été parfois malheureux pour le pays. Et d'enfoncer le clou en affirmant que «le dernier geste grave a été de coopter Abdelaziz Bouteflika comme président de la République, alors que la compétition politique exigeait une neutralité de l'institution». Un acte mal assumé aujourd'hui, et même regretté, affirme le quotidien., qui conclut ainsi : «Les mots ont parfois une signification très amère : «Choisir le moins mauvais de tous.» Comble de l'humiliation pour le locataire d'El Mouradia (le siège de la présidence de la république algérienne).