Entrée en vigueur depuis vendredi 30 juillet, la suppression du visa pour les Algériens voulant visiter le Royaume a fait couler beaucoup d'encre dans la presse algérienne. Participant de la volonté sincère et déterminée du Royaume d'inscrire ses rapports avec l'Algérie voisine dans une dynamique nouvelle, cette décision n'en a pas moins été interprétée de différentes manières par les organes de presse algériens, mêlant enthousiasme et scepticisme. L'annulation de cette formalité, instituée depuis 1994, a certes été accueillie très positivement. Mais la prudence est de mise. En témoigne l'éditorial, paru le 1er août, du Quotidien d'Oran, où on peut lire qu'« il est particulièrement bienvenu que cette démarche d'ouverture ait été donnée à lire juste après le discours du souverain marocain, pour sa cinquième année au Trône, et dans lequel le roi Mohammed VI s'est engagé à donner une impulsion nouvelle aux relations avec les pays voisins, et notamment ‘'l'Algérie sœur'' ». Le même journal ne manque pas cependant de marquer sa prudence vis-à-vis de ce qu'il qualifie de bonne nouvelle, remarquant que les récurrentes périodes d'euphorie restent souvent sans suite. Et pour cause : «Mettre la question du Sahara au coeur de la relation algéro-marocaine était et demeure, de toute évidence, la meilleure façon de ne pas aller de l'avant. Les positions des deux pays sur le sujet n'étant pas susceptibles d'évolution brusque ou abrupte…» Catégorique, Liberté avance qu'Alger préfère une solution globale plus garante de l'avenir qu'une solution partielle plus soucieuse d'intérêts conjoncturels. Citant, sans le nommer, un haut responsable des Affaires étrangères, le journal affirme que la réouverture des frontières n'est toujours pas à l'ordre du jour. La suppression du visa pour les algériens n'en est pas moins perçue comme «un autre jalon dans la normalisation », l'acte premier «d'une laborieuse entreprise de réchauffement diplomatique». Revenant sur les raisons ayant poussé le Maroc à imposer le visa aux ressortissants algériens désireux de s'y rendre, à savoir l'attentat perpétré au sein de l'hôtel Atlas-Asni et qui avait fait trois victimes dont deux touristes espagnols, le Soir d'Algérie rappelle que « les multiples tentatives d'assainir les relations entre ces deux pays, dans le cadre de cette organisation moribonde (l'UMA-ndlr), n'ont jamais abouti». Et le quotidien de se demander si la décision unilatérale du Maroc sera suivie d'une quelconque réciprocité algérienne. Jeune Indépendant, lui, a tenté d'apporter des éléments de réponse à cette question, citant en cela le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, qui a déclaré que la réponse algérienne sera connue prochainement. Et le ministre d'ajouter que la question de l'ouverture des frontières terrestres fait l'objet d'un examen dans le cadre des deux commissions, créées à cet effet, travaillant à Alger et à Rabat. Les résultats du travail de ces commissions seront connus prochainement. Mais aucune date n'a été précisée. Marquant une véhémence particulière contre le Maroc, le quotidien El Watan avoue cependant que « la suppression du visa est le signe que le terrorisme à grande échelle est mort, l'instauration du visa en ayant été une conséquence directe. On peut maintenant rêver d'une paix retrouvée, d'un grand Maghreb uni et fort et à quelques vacances sur les stations balnéaires marocaines où l'eau n'est pas un bouillon bactérien et les sachets noirs ne poussent pas dans le sable». Le même quotidien relève également que les autorités algériennes ne se montrent pas très «chaudes» quant à l'approche marocaine du rapprochement voulu entre les deux nations.