Sur décision de SM le Roi Mohammed VI, le Maroc a supprimé, vendredi, la procédure du visa d'entrée pour les Algériens. Cette annulation constitue un signe annonciateur d'une nouvelle page dans les rapports entre les deux pays. La décision royale constitue sans doute un tournant dans la relation entre le Maroc et l'Algérie. L'annulation de la procédure du visa pour les ressortissants algériens qui désirent se rendre dans le Royaume est la marque patente d'un possible changement. L'annulation du visa a été annoncée vendredi, quelques heures après le discours de SM le Roi Mohammed VI à l'occasion de la fête du trône. Dans ce discours, le Souverain a affirmé qu'il était déterminé à donner une «nouvelle impulsion» aux relations avec les pays voisins du Maroc, «notamment avec l'Algérie sœur». La suppression des visas a été abondamment commentée par nos voisins. Abdelaziz Belkhadem, ministre algérien des affaires étrangères s'en réjouit. Il a affirmé samedi qu'elle s'inscrit dans le cadre de la «concrétisation des liens d'amitié et de fraternité entre les deux pays», rapporte l'agence de presse algérienne APS. Il a ajouté que «le message adressé par le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, au Souverain marocain, Mohammed VI, à l'occasion du 5ème anniversaire de son accession au trône, a contribué à faire avancer les choses entre l'Algérie et le Maroc». Justement, le message adressé par le président algérien au Souverain se distingue par un ton enthousiaste et des accents très appuyés en vue de «raffermir les passerelles de fraternité, de bon voisinage, de solidarité et de coopération et renforcer les relations bilatérales au service des intérêts des deux pays et des deux peuples». Abdelaziz Bouteflika y parle de «communauté de destin», de «consécration de relations bilatérales exemplaires». Il termine son message adressé à SM le Roi par : «Je demeure convaincu que vous partagez la même conviction quant à la nécessité d'unifier les positions et d'œuvrer de concert au développement de nos relations fraternelles, à la réalisation de nos objectifs communs et à la concrétisation des aspirations de nos deux peuples au progrès, à la sécurité et la stabilité sur la voie de l'union et la complémentarité dans le cadre de notre Maghreb arabe». SM le Roi a donc fait le geste qui prouve les bonnes dispositions du Maroc à écrire une nouvelle page avec l'Algérie. Cette décision ne signifie pas toutefois l'ouverture des frontières terrestres entre les deux pays. Selon un diplomate algérien, cité par le quotidien Liberté, cette question entre dans «le cadre des travaux des deux commissions mixtes, consulaire et économique, mises sur pied par les autorités communes». Mais selon une source marocaine autorisée, la réouverture des frontières ne saurait tarder. Et elle devrait être effective avant la visite du Premier ministre, Driss Jettou, à Alger, prévue à la fin de l'année. A rappeler que le visa a été imposé aux ressortissants algériens en août 1994 après l'attentat contre un hôtel de Marrakech, exécuté par des terroristes d'origine algérienne. Alger avait riposté en fermant de son côté la frontière commune. Depuis cette date-là, les relations entre le Maroc et l'Algérie se sont détériorées. Au cœur évidemment de toutes les discordes, le conflit du Sahara. Et justement si la presse algérienne se réjouit dans sa majorité de la décision marocaine, les journaux affiliés au polisario mettent en avant le Sahara. C'est le cas du quotidien l'Expression qui voit dans cette décision «un signal fort qui pourrait modifier les rapports de force, notamment en ce qui concerne le conflit du Sahara occidental». Ce quotidien n'apprécie guère ce vent de changement. Pourtant, cette décision ne pourrait être vraiment le préalable d'un tournant que si elle conduisait à une résolution définitive du problème du Sahara.