Alliances, retraits, barrages contre le FN, la tension a été maintenue entre la gauche et la droite à la veille du second tour des législatives. Au prix d'une absence de débat et d'un retour de polémique. Les tractations sont allées bon train toute au long de cette semaine entre les deux grandes formations politiques et leurs proches. Il est vrai que même si la droite est créditée d'une large victoire, la gauche compte encore sur ce que François Hollande, premier secrétaire du PS, appelle un «sursaut civique». Ce qu'il convient surtout de nommer une «limitation des dégâts». Nombre de pressions ont ainsi été exercées par les uns sur les autres pour qu'ils se retirent, avec comme argument systématique non pas la défense de leurs programmes respectifs mais le spectre du Front national. Si ce dernier a été largement exclu de la course électorale, les ambitions des socialistes comme celles des candidats de l'UMP pourraient lui permettre d'obtenir quelques sièges inespérés. Responsabilité que les deux camps se rejettent alimentant ainsi une nouvelle polémique pour le moins stérile. Mardi, le président du groupe socialiste à l'assemblée sortante a encore dénoncé le refus de la droite de retirer ses candidats dans deux circonscriptions – Rhône et Gard (sud-est) - où le FN est menaçant. «Une nouvelle fois, la droite préfère le Front national» s'est ainsi indigné Jean-Marc Ayrault, avant d'ajouter qu'une «telle attitude discrédite les déclarations de Jacques Chirac et de Jean-Pierre Raffarin contre tout accord avec l'extrême droite». Le Parti socialiste des Bouches-du-Rhône a de son côté rapporté mercredi «la porosité entre les leaders locaux de la droite et de l'extrême droite», citant la circonscription de Vitrolles, où Bruno Mégret a été éliminé dès le premier tour. Dans cette région très tendue, le maire MNR de Marignane, Daniel Simonpiéri, a appelé à voter en faveur du candidat de l'UMP, Eric Diard, opposé au député PS sortant et favori, Vincent Burroni. Absents dans un certain nombre de circonscriptions, les Verts semblent pour leur part vouloir rester en dehors de ce «débat» pour faire du «barrage de l'extrême droite» leur consigne systématique. Une attitude que l'on retrouve parfois côté socialiste, mais de façon individuelle. A Vaucluse (Gard), Jean-Pierre Lambertin, arrivé en troisième position, a par exemple annoncé son désistement, afin de barrer la route à Jacques Bompard, le maire FN d'Orange, sans toutefois aller jusqu'à demander à ses électeurs de voter pour le candidat UMP, Thierry Mariani… S'il n'avait pas répondu à l'appel au débat lancé par le PS avant le premier tour, le premier ministre Raffarin n'a de son côté pas hésité à monter au créneau mardi en accusant la gauche d'avoir fait le jeu de «l'extrémisme» par ses attaques contre Jacques Chirac sur le thème des «affaires». «Quand on n'a comme programme que la polémique, quand on n'a que l'attaque comme perspective, on décourage les gens, on provoque l'abstention, on provoque le vote extrémiste», a déclaré Jean-Pierre Raffarin, «C'est à force de capturer le message politique, de faire de l'autre un adversaire, de le traiter plus bas que terre, c'est avec ces divisions, ces attaques et ces polémiques que les Français se sont éloignés de la politique», a-t-il ajouté. Un millier de candidats sont encore en lice dimanche. Dans 488 circonscriptions, les électeurs auront à choisir entre deux candidats, des duels droite-gauche dans la quasi-totalité des cas. Il y aura dix triangulaires dont neuf affrontements droite-gauche-FN.