France. A dix semaines des élections régionales et locales, le risque d'un retour de l'extrême droite sur le devant de la scène politique, souligné par les médias, inquiète la classe politique. Deux ans après la déroute de la gauche à l'élection présidentielle d'avril 2003, l'arrivée du chef de l'extrême droite, Jean-Marie Le Pen, en deuxième position derrière Jacques Chirac reste dans toutes les mémoires et tous les commentaires politiques. Au point que ces derniers jours, les médias ont multiplié les enquêtes, reportages et interviews sur la préparation des élections régionales des 21 et 28 mars sur le thème "Pourquoi Le Pen peut gagner", comme titre par exemple l'hebdomadaire «L'Express» (centre). Jean-Marie Le Pen est, à 75 ans, un candidat crédible pour remporter la présidence de la troisième région de France, la Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA), qui est aussi la plus touristique avec 30 millions de visiteurs par an. Sa fille Marine, 35 ans, étoile montante du Front national, se présente en Ile de France, première région de France, et son parti pourrait être présent au second tour dans une quinzaine de régions sur 22, semant la zizanie. "Il y a un vrai risque", reconnaît l'actuel président socialiste de PACA Michel Vauzelle qui craint que les déçus de la droite ne basculent au FN. "Ce serait un nouveau séisme politique. Une nouvelle tache au visage de la France", renchérit lundi l'hebdomadaire «Le Nouvel Observateur» (gauche). Des sondages récents confirment ces craintes: 22% des Français disent être d'accord avec les idées de Jean-Marie Le Pen et 25% pourraient voter pour lui en Provence-Côte d'Azur. "Comme personne n'avait prévu Le Pen au second tour de la présidentielle, tout le monde en rajoute dans la crainte de le voir triompher au soir du premier tour des régionales", écrit lundi le quotidien «Libération». Et chaque camp a de bonnes raisons de craindre le pire. A droite, qui détient 14 régions sur 22, c'est le bilan de mi-mandat présidentiel qui pourrait être sanctionné: faible croissance, hausse du chômage, surgissement de la question identitaire avec le débat national sur le voile islamique. L'alliance de l'UMP, parti du président Jacques Chirac, et de l'UDF (centre-droit) de François Bayrou, est en train de craquer, l'UDF ayant décidé à présenter des candidats autonomes. En 1998, 4 présidents de régions UDF ont été élus avec les voix du FN.