Les agences de presse, les médias internationaux, les départements des affaires étrangères occidentaux et les services de renseignement ; tout ce beau monde réagit au démantèlement du réseau d'Al Qaida au Maroc. Le ministre de l'Intérieur ne pouvait garder le mutisme. L'affaire des Saoudiens arrêtés et les épouses marocaines de deux d'entre eux, est tellement grave que le département en charge entre autres des affaires sécuritaires a publié un communiqué concernant trois interpellés. Il est écrit dans ce communiqué que «Les services de sécurité marocains ont procédé au démantèlement d'une cellule d'Al Qaïda infiltrée au Maroc et qui préparait des actes terroristes à l'intérieur du pays et à partir de Sebta et Mellilia contre des navires occidentaux transitant par le Détroit de Gibraltar. Les membres de cette cellule, au nombre de trois et porteurs de passeports saoudiens ont été arrêtés. Il s'agit de Hilal Jaber Aouad Alassiri, Zuher Hilal Mohamed Al Tbaiti et Abdellah M'sefer Ali Al Ghamdi L'enquête de police judiciaire sur cette affaire se poursuit conformément à la loi sous le contrôle du Parquet général de la cour d'appel de Casablanca.» Le premier ministre Abderrahmane Youssoufi a confirmé, lui aussi, l'information, en saluant "la vigilance" des services de sécurité marocains. "Le Maroc a démontré qu'il restait vigilant aux gens qui croyaient que la stabilité politique, la liberté et la démocratie dans lesquelles nous vivons pourraient permettre ces actions criminelles", a déclaré le chef du gouvernement. Et d'ajouter que ‘'cette opération a été rendue possible par la vigilance de nos services de sécurité et grâce à la coopération que nous avons avec plusieurs pays amis". Le Premier ministre qui s'exprimait, à Chefchaouen où il a participé à une réunion euroméditerranéenne laisse ainsi deviner que la coopération notamment avec la CIA a été payante dans cette affaire. Dans un contexte sensible, l'information s'est propagée comme une traînée de poudre. L'annonce mardi que l'édition à paraître jeudi –soit deux jours de décalage- du news magazine français, L'Express, comportera une enquête sur le démantèlement du réseau Al Qaida à Casablanca, et qui préparait des attentats dans le détroit de Gibratar, n'a laissé personne indifférent. Tout le monde a pris le relais. L'Express écrit que «les services marocains, très engagés dans la lutte anti-terroriste pensent que l'opération Gibraltar n'était pas le seul objectif du groupe.(…) Pour trouver la «taupe», elle (la DST) recherche les personnes qui ont recruté au Maroc les « combattants» expédiés en Afghanistan, puis capturés par les Américains. Des suspects sont surveillés dans trois villes : Tanger, Fès et Casablanca. Peu à peu, les détails se précisent ; un portrait-robot est dressé. En avril, les policiers obtiennent une photo et un nom, celui d'un ressortissant saoudien installé à Casablanca. L'homme, marié à une Marocaine, a été formé en Afghanistan, mais s'est parfaitement intégré au sein d'une famille locale». C'est dire que l'information a bel et bien été distillée à partir de Rabat. Les agences de presse ont vite fait de reprendre en main l'affaire. Reuters, dans une dépêche datée de mardi, revient sur ce démantèlement avec quelques détails. Plus, on apprend que le ministère des affaires étrangères britanniques attend de nouvelles informations sur les arrestations. C'est un signal de l'intérêt que le monde accorde à ce coup de filet. L'agence France Press, apparemment pis de court, se rattrape par une dépêche datée elle aussi du 11 juin, consacrée à l'arrestation des deux Marocaines mariées à deux Saoudiens incarcérés. Quant à l'AP, elle revient dans le détail sur les déclarations du M. Youssoufi à propos de cette affaire, avec les rappels d'usage. Côté diplomatique, les réactions pleuvent. Le porte-parole du département d'Etat américain, M. Richard Boucher, a rappelé les déclarations faites par son gouvernement « tant en privé que publiquement » sur « le ferme soutien du Maroc à la campagne internationale contre le terrorisme». Il en est de même pour l'Espagne qui a réaffirmé son soutien au Maroc dans la lutte anti-terroriste. Normal, pourrait-on dire, puisque l'opération devrait être lancée à partir des deux présides marocains occupés par l'Espagne dans le Nord du Maroc et vise des bâtiments militaires dans le détroit de Gibraltar. Autant dire que pareil coup de filet ne laisse personne indifférent.