La lutte contre le terrorisme exige une extrême fermeté de la part des forces vives de la nation. La stabilité et les intérêts du Maroc sont la cible des commanditaires du terrorisme international. Certains partis politiques nationaux se montrent trop complaisants à l'égard de milieux favorables aux idées extrémistes et aux dérapages du fanatisme. La vigilance des services de sécurité marocains toutes composantes confondues et leur collaboration avec d'autres services, notamment américains, a permis de démanteler une cellule de l'organisation Al Qaida, qui était mise en veilleuse au Maroc, et s'apprêtait à perpétrer des attentats terroristes au Maroc et à partir de Sebta et Melillia contre des navires occidentaux traversant le détroit de Gibraltar. Trois saoudiens, membres présumés du réseau Al-Qaïda, Hilal Jaber Aouad Alassiri, Zuher Hilal Mohamed Al Thabti et Abdellah M'sefer Ali Al Ghamdi, ainsi que quatre marocains, trois femmes et un homme, ont été arrêtés par les services marocains au terme d'une longue opération de surveillance. La nationalité saoudienne des 3 mis en cause a été confirmée par Ryad. Vendredi, les ressortissants saoudiens, les épouses marocaines de deux d'entre eux, la sœur de l'une des épouses, ainsi qu'un ressortissant marocain ont comparu devant un juge d'instruction à Casablanca. Un terme est ainsi mis à une opération en préparation qui aurait pu avoir des conséquences désastreuses pour le Maroc sur tous les plans. A mesure que l'interrogatoire des mis en cause avance, se révèlent les fils d'une trame qui ôte tout doute quant à la ponctualité de cette affaire. On est désormais loin de l'affaire qui avait soulevé le Maroc en août 1994, quand quatre mini-commandos islamistes avaient pénétré au royaume avec quatre missions, dont l'une seulement, l'opération Atlas Asni à Marrakech, a pu aboutir. Des jeunes issus de l'immigration, remontés à bloc par leurs commanditaires, avaient essayé de semer la panique au royaume. Trois d'entre eux, Tarik Fellah, Redouane Hammadi et Stéphane Ait Idir, sont à l'origine de la fusillade de l'hôtel Atlas Isni à Marrakech qui avait fait 2 victimes espagnoles et un blessé, et plongé pour longtemps la ville et le pays dans le marasme touristique. Le réseau d'Al Qaida démantelé aujourd'hui est autrement plus dangereux. Il est le fruit d'une planification engagée plusieurs mois auparavant. Les membres du réseau arrêtés se sont révélés de proches collaborateurs du Chef d'Al Qaida, Oussama Ben Laden. Certains d'entre eux ont participé à la guerre contre les américains en Afghanistan et occupent de hautes fonctions au sein de l'organisation. Les informations révélées par la presse internationale à la suite d'indiscrétions des enquêteurs font état d'une cérémonie de départ en Afghanistan au cours de laquelle, les membres du réseau ont prêté allégeance à Ben Laden et juré de mourir en martyrs dans des attentats suicide. Ceux envoyés au Maroc devaient ainsi opérer au moyen de petits bateaux bourrés d'explosifs, contre des navires de guerre américains ou britanniques dans le détroit de Gibraltar. D'autres sont à l'origine de l'attentat à la voiture piégée devant le consulat des Etats-unis à Karachi, au Pakistan, qui a fait onze morts. Des responsables de l'administration américaine, qui a épaulé les services marocains dans cette opération de démantèlement, font même état d'une « nouvelle option » dans l'action d'Al Qaida, la coopération avec « des mouvements affiliés situés dans des pays musulmans d'Afrique du Nord, au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est », qui à plusieurs reprises par le passé « ont envoyé des combattants dans les camps d'entraînement afghans ». Simple propagande américaine ou motif réel d'inquiétude ? En tout cas seule une mobilisation réelle de toutes les parties marocaines luttant contre le terrorisme contribuerait à écarter le danger.