Les socialistes l'ont souligné : «les jeux ne sont pas encore faits». Mais le premier tour des élections législatives laisse entrevoir une large victoire de la droite. Les abstentionnistes ont fait la différence. Avec environ 44 % des voix obtenues au soir du premier tour, l'Union pour la majorité présidentielle semble sur le point d'accomplir la mission qui lui a été confiée par Jacques Chirac. La droite devrait, selon les dernières projections, décrocher entre 380 et 440 sièges à l'Assemblée nationale. L'UMP-RPR, alliés DL et UDF - détiendrait à elle seule la majorité absolue des sièges, avec 35% de voix, François Bayrou et ses fidèles n'étant crédités que de 3 à 5%. Le président Chirac et le gouvernement Raffarin semblent donc avoir été entendus dans leur appel au refus d'une nouvelle cohabitation. La gauche, actuellement créditée de 36% des voix, ne disposerait que de 132 à 191 députés, soit une régression de près de la moitié de sièges par rapport au résultat de 1997. Le scrutin de dimanche est au moins resté fidèle à tous les pronostics donnés par les instituts de sondage ces deux dernières semaines. Aucune enquête n'avait cependant prédit un taux d'abstention aussi important : 36 % des 41 millions d'électeurs inscrits ne sont pas aller voter dimanche. Désintéressés par le débat -ou son absence- entre la gauche et la droite ? Peu captivés par une élection dont le danger FN avait été écarté par l'organisation même du scrutin ? Il ne fait nul doute que le sursaut civique observé lors du face à face Chirac-Le Pen a été de courte durée. Et que le désintérêt des Français pour la vie politique a finalement repris le dessus. L'extrême droite largement exclue du débat, le rendez-vous de dimanche prochain verra s'affronter les deux adversaires traditionnels, avec en prime de nombreux duels serrés. Pour éviter la débâcle, le Parti socialiste compte encore sur un réveil des abstentionnistes en sa faveur. Son premier secrétaire François Hollande a appelé lundi les électeurs «qui n'ont pas voté, à le faire massivement» et a mis en garde contre les risques d'une «Assemblée nationale déséquilibrée». Le PS devra cependant se battre seul, son allié communiste étant en chute libre avec 4,3 % à 5% de voix. «On reste encore dans l'incertitude sur le résultat final», a déclaré François Hollande, insistant sur le fait que les «jeux ne sont pas encore faits». «Nous devons redonner aux Français le sens de l'élection : c'est leur avenir sur cinq ans, leur emploi, leur pouvoir d'achat, leurs retraites», a-t-il ajouté. Confiante, l'UMP s'est d'ailleurs elle-même gardé de tout triomphalisme prématuré. Patrick Devedjian a ainsi prévenu lundi que la droite ne doit pas « s'enivrer» du résultat. Ce qu'a aussi souligné le président du groupe parlementaire RPR, Jean-Louis Debré, en déclarant qu'une «élection n'est jamais gagnée tant que le second tour n'est pas terminé». Reste qu'avec 47 députés élus dès le premier tour, dont six ministres -Nicolas Sarkozy, François Fillon, Gilles de Robien, Hervé Gaymard, François Loos et Nicole Ameline-, contre seulement deux élus PS, la prochaine Assemblée affiche déjà un nouveau visage.