L'opération de recrutement de 30 000 jeunes marocains dans des bateaux de croisière ne cesse de susciter des réactions notamment dans la presse nationale. Chaque intervenant navigue selon sa propre boussole. Dans son numéro 13.539 du 06 juin 2002, le quotidien «L'Opinion» sort en grande manchette que «le recrutement de 30 000 jeunes marocains est une opération des plus sérieuses» et publie des propos de Muhammad Ali Pasha, directeur général de Al Najat Marine shopping (LLC), la désormais célèbre agence de recrutement. Le quotidien note que M.Pasha «a souligné son appréciation pour la coopération continue avec le gouvernement marocain et précisé que le projet de recrutement est presque complet et que les rumeurs fabriquées ne doivent ni être prises au sérieux ni avoir une influence négative, car le projet est dans l'intérêt du Maroc. C'est pour cela que la coopération avec Al Najat doit continuer jusqu'à ce que le projet se matérialise ». M.Pasha a même déclaré à L'OPINION que dès que sa société recevra la totalité des dossiers de ces jeunes de la part de l'ANAPEC, elle les «distribuera» sur les 40 compagnies maritimes et par la suite chaque groupe sera assigné à une des croisières. M.Pasha poursuit sur les colonnes de L'OPINION « Nous avons déjà décidé la date du départ des recrutés, à partir de la première semaine du mois d'août 2002. Les recrutés quitteront le Maroc au fur et à mesure vers des destinations différentes en Europe». L'hebdomadaire arabophone «ASDA'E», dans son numéro 389 du 5 juin 2002, s'interroge de son côté « Après que le ministre et l'ambassadeur aient été trompés, qui rendra justice aux victimes du leurre de recrutement aux Emirats ?». Et le journal de confirmer selon des « informations de grande gravité » que l'opération de recrutement n'a aucun rapport avec les Emirats arabes Unis. Il s'agit tout simplement d'un marché réalisé par une société dont le siège se trouve dans la zone franche de Dubai, et dont l'existence se limite dans un local, par un fax et un téléphone. Cette société a des antécédents dans des pays africains qui se sont soldés par une vente de «rêves moyennant des sommes colossales». Parmi les observations relevées par ASDA'E «Il s'avère que le recrutement de 30 000 employés nécessite au moins la disponibilité de 200 bateaux commerciaux, avec une moyenne de 150 employés à bord de chacun d'entre eux. Chose que seul un débile pourrait croire ». Le quotidien « Al Haraka » a choisi de titrer dans son numéro 4473 du 05 juin 2002, « Le scandale du recrutement de 30 000 marocains par la société fictive « Al Najat » pour se demander si le moment n'est pas venu pour le gouvernement de sortir de son silence et éclaircir l'opinion publique sur cette opération douteuse ? Et le Parlement de prendre ses responsabilités et de demander des explications au gouvernement à propos de ce scandale? Al Haraka affirme avoir pris contact avec les parties concernées notamment les ambassades et les consulats qui ont nié avoir reçu des demandes de visas, sachant qu'il est impossible de procurer des visas pour 30 000 personnes dans un laps de temps égal à celui fixé pour les candidats qui doivent bientôt rejoindre leur lieu de travail. L'hebdomadaire «La nouvelle Tribune» dans son numéro 310 du 6-6-2002 revient sur le pari que l'ANAPEC compte gagner en mettant en place une stratégie à même de favoriser la rencontre entre les compétences recherchées et les compétences disponibles ! «Pour ce qui est de la convention avec les pays du Golfe, une prospection a été faite avec une demande de plus de 30 000 emplois émanant de 40 compagnies. Autrement dit, l'ANAPEC travaille en interne et en externe pour juguler le phénomène de l'employabilité de nos diplômés» écrit l'hebdomadaire. Autant dire qu'à ce rythme, l'ANAPEC ne trouvera plus personne à recruter d'ici trois ans. Un record absolu que même les pays les plus développés n'atteindront jamais. L'affaire n'est pas terminée.