Ceux qui l'ont connu brossent de lui un portrait de personnage influent, immensément riche mais avare. Sans plus d'explications. Abdelmoughit Slimani et quelques autres pontes de Casablanca se pliaient en quatre devant lui, s'exécutaient sans trop discutailler, tellement il était puissant. Il aurait certainement beaucoup à apprendre au juge d'instruction près la Cour spéciale de Justice (CSJ) au sujet des casseroles du duo Slimani-Laâfora. Mais les morts ne parlent pas. Haj Ahmed Benabdeljelil, , décédé en février 2001 d'une crise cardiaque, était de la plupart des opérations financières et foncières du réseau de Casablanca. Il a laissé derrière lui cinq bienheureux héritiers et une fortune colossale constituée surtout de terrains, de sociétés et d'immobiliers. Un patrimoine gigantesque et néanmoins enchevêtré. Depuis la mort brutale de leur père, les enfants dont l'aîné a 60 ans tentent de mener une vie discrète un peu à leur corps défendant car les amis de papa, petits et grands, ont pris tout à coup leur distance. L'époque a changé. Radicalement. C'est le temps des comptes et des mécomptes. Ceux qui ont connu M. Benabdeljalil brossent de lui un portrait de personnage influent et immensément riche. Sans plus d'explications. Abdelmoughit Slimani et quelques autres pontes de Casablanca se pliaient en quatre devant lui, s'exécutaient sans trop discutailler, tellement il était puissant. Malgré sa richesse, l'intéressé était réputé pour son avarice avec les autres et dispendieux avec les amis. Peu médiatisé et rarement photographié, ce natif de Meknès en 1927, cheveux sel et poivre, air de nabab repu, fut un homme de l'ombre qui aimait apparemment tirer les ficelles. On retrouve son nom dans plusieurs dossiers enchevêtrés dont celui du sulfureux complexe résidentiel de Ouled Ziane : la facture des ascenseurs d'un montant de 12 millions de Dhs a été réglée par l'entreprise de feu Benabdeljelil, qui est une papeterie ! Ce dernier, dans une logique certainement pas de générosité, a fait cadeau à M. Slimani d'une ferme de quatre hectares à Beni Yakhlef dans la région de Benslimane. Outre ses entreprises dont Bennes Marrel (spécialisée dans la fabrication de toutes sortes de bennes) et son empire foncier et immobilier, il a pris par l'on ne sait quelle magie des participations de l'ordre de 35% dans la concession de collecte des ordures ménagères de Hay-Hassani confiée à la filiale marocaine des Eaux de Marseille. Une affaire très juteuse de plus de 19 millions de Dhs par an, soit la bagatelle de 140 millions de Dhs sur 7 ans (durée du marché). Dans le contrat passé de gré à gré en 1997, M. Benabdeljelil est désigné sous l'appellation vague du “partenaire“. Qui était vraiment Haj Ahmed Benabdeljelil, ? Financier occulte, prête-nom ou vrai homme d'affaires ? Personnage aux multiples facettes, il était peut-être les trois à la fois. En tout cas, tout indique qu'il est l'élément central du dispositif des affaires d'une certaine Casablanca dont une brochette de responsables sont aujourd'hui devant la justice.