Plusieurs millions de DH ont servi à Abdelmoughit Slimani et ses acolytes pour acheter des bons du Trésor au porteur. Des titres qui sont allés atterrir quelque part, dans un endroit que Slimani et ses acolytes n'indiqueront certainement pas au juge d'instruction. Tous les moyens sont bons pour détourner de l'argent. Tel était le principe des personnes impliquées dans le dossier en cours devant le juge d'instruction près la Cour Spéciale de Justice (CSJ) qui est connu sous le nom de l'affaire de Slimani et compagnie. L'entrepreneur suisse, Jean Victor Lovat, qui est à l'origine de la plainte ayant déclenché l'enquête menée par la Brigade nationale de la Police judiciaire (BNPJ), raconte que, jusqu'à 1993, son travail se limitait à réaliser les travaux de construction de l'hôtel Le Tivoli à Agadir qui appartenait, selon ses déclarations, à l'ex-président de la Communauté urbaine de Casablanca (CUC) et à l'ex-ministre de l'Intérieur, Driss Basri. Mais, affirme-t-il, les choses ont changé lorsque Slimani est venu le voir pour lui avouer qu'il avait des problèmes avec certains marchés publics qu'il avait initiés en tant que président de la Commune urbaine des Roches Noires. Les autorités publiques avaient décidé de procéder à un audit général dans certaines communes dans le cadre de ce que l'on avait appelé "une campagne d'assainissement des collectivités locales". C'est alors, raconte-t-il, que Slimani lui demanda de l'aider à faire face à certains déficits dans les budgets de ces marchés. Ce, fut le début d'un calvaire qui finira par le conduire en prison et partant lui faire perdre toute sa fortune. Il avouera aussi dans sa plainte qu'une fois qu'il avait accédé à la demande de Slimani, il ne pouvait plus faire marche arrière. L'engrenage l'avait attiré et rien ne pouvait plus le sauver. Parmi les affaires qu'il révélera dans sa plainte et qui ont fait l'objet d'une enquête exhaustive de la part des enquêteurs de la BNPJ, l'on citera le cas de la société SCTP. Lovat affirme qu'en 1997, le patron de cette société, un entrepreneur du nom de Abderrahim Kanir, et l'ex-président de la Commune urbaine des Roches Noires, Abdelmoughit Slimani, étaient venus le voir pour lui demander de les aider à couvrir des détournements de fonds. L'entrepreneur suisse affirme que Kanir lui adit qu'il avait besoin d'une somme d'argent qu'il devait remettre à Slimani et Driss Basri. "Ils me menacèrent de me priver de tous les marchés publics où j'étais engagé", assure Lovat. Pour couvrir leurs opérations de malversation, les deux hommes lui demandèrent de leur remettre de fausses factures de son entreprise HELVETICA. Lovat raconte qu'il leur a remis 41 factures signées par lui au profit de la société SCTP en contrepartie de cinq chèques tirés sur le compte de la société dirigée par Kanir. Pourtant, Lovat n'encaissera qu'un seul chèque dont le montant était de 1.500.000 de DH qu'il utilisa pour financer quelques opérations dans le cadre de la construction du Complexe résidentiel Ouled Ziane. Les quatre autres chèques seront endossés au profit de l'associé de Kanir, un certain Belkoura, qui les transforma, en présence de Lovat, en bons du Trésor. L'enquête menée par la BNPJ révélera que la société SCTP n'aurait été qu'une entreprise-écran servant de couverture à des opérations de détournement d'argent que les accusés utilisaient pour acheter des bons du Trésor au porteur. Ainsi, plusieurs millions de DH auraient été transformées en bons du Trésor au profit des accusés et qui sont allés atterrir quelque part, dans un endroit que Slimani et ses acolytes n'avoueront certainement pas au juge d'instruction. Affaire à suivre.