Slimani et Laâfora sont désormais deux noms liés à l'un des plus grands scandales en matière de gestion de la chose publique. Retour sur des affaires sulfureuses. L'affaire Slimani-Laâfora a commencé à faire beaucoup de bruit lorsqu'en début Août 2003 la BNPJ recommande, pour les besoins de l'enquête, une interdiction de quitter le territoire à Abdelmoughit Slimani président de la communauté urbaine de Casablanca, (CUC), Abdelaziz Laâfora gouverneur de Hay Mohammadi-Ain Sebaâ et Lahcen Hairouf, vice-président de la CUC. Puis les investigations commencent avec des gages de bonne volonté de la part des deux principaux accusés, à savoir, Laâfora et Slimani qui étaient très proches de Driss Basri, ex-ministre de l'Intérieur, et prédominaient sur la gestion de Casablanca. La capitale économique du pays constituait pendant longtemps un univers voué aux manigances les plus douteuses et les plus scandaleuses entre la politique et les affaires, entre la gestion de la chose publique et le business. Les deux hauts fonctionnaires en question offraient la légitimité électorale ou administrative, et les bénéficiaires renvoyaient des balles bien garnies, en se servant au passage. Cependant, seule la Justice est capable de prouver l'inculpation des deux concernés. L'ampleur des scandales décriés par la presse nationale depuis l'avènement du gouvernement de l'alternance demeure cependant impressionnante. De quoi faire frémir les plus coriaces des élus, fonctionnaires ou hommes d'affaires. Trois affaires avaient défrayé la chronique depuis cette époque. Il s'agit du sort réservé au don royal à la commune de Sidi Moumen destiné à la création d'une zone verte, devenue pâté d'immeubles. Puis du complexe Ouled Ziane et enfin du projet de relogement des bidonvilles des Carrières centrales à Hay Mohammadi, plus connu sous le nom de « projet immobilier Hassan II» (Al Machroâ). Mais jusqu'à présent, les dossiers dans le cadre desquels seront poursuivis ces décideurs et d'autres personnes impliquées, de façon directe ou indirecte, ne sont pas clairement précisés. Les affaires semblent tellement embrouillées et mêlées. Les enquêteurs s'attaquèrent en priorité à la piste d'Ain-Sebaâ, et la construction du siège de la commune urbaine qui n'a jamais eu lieu, malgré le déboursement par la commune en question de près de 9 millions de dirhams au désormais célèbre entrepreneur suisse Jean Victor Levat pour la réalisation du projet. Ce dernier, à court d'argent pour faire aboutir le projet du complexe immobilier Ouled Ziane, se serait tourné vers Slimani et Laâfora leur suggérant de l'aide immédiate. C'est ainsi que le gouverneur de Ain Sebaâ convoqua Lahcen Haïrouf, président de la commune de Ain Sebaâ, pour lui demander de débloquer la somme de 9 millions de dirhams, au titre de la construction du nouveau siège de sa commune, en présence de Slimani. L'argent débloqué, Levat poursuivit la réalisation du complexe Ouled Ziane, situé sur le territoire de la commune des Roches Noires, dirigée alors par l'incontournable Abdelmoughit Slimani. Quant au dossier du projet Hassan II à Hay Mohammadi, il implique plusieurs élus en plus de l'entrepreneur chargé des travaux. Ce vaste chantier fut totalement chamboulé notamment côté plan. Ce dernier, initialement constitué d'immeubles de Rc+3 est devenu des Rc+5 par un simple griffonnage de stylo. A cela s'ajoute l'affaire des nouveaux abattoirs achevés depuis l'an 2000 et que la CUC a retardé le début de fonctionnement en faveur d'un certain lobby qui ramassait de l'argent à la pelle dans les anciens abattoirs. Les dossiers de la décharge publique de Médiouna, de certaines expropriations payées au prix fort par la CUC et de la gare routière de Ouled Ziane figurent également dans le lot interminable des ramifications. La Justice a certainement beaucoup de pain sur la planche. Cependant, le présent n'est pas un passé en puissance, il est le moment du choix et de l'action, car se contenter de gémir sur un malheur passé, c'est le plus sûr moyen d'en attirer un autre.