Plusieurs projets appartenant à Abdelmoughit Slimani ont été construits grâce à des matériaux destinés au complexe Ouled Ziane. C'est le cas des hôtels Le Tivoli et Tikida Beach situés à Agadir ainsi que l'unité industrielle SPM située dans la même ville et des résidences personnelles dont des villas appartenant à l'ex-président de la commune des Roches noires. Le jeudi 21 septembre 2000, alors que les élus de Casablanca s'apprêtaient à élire un nouveau président de la Communauté urbaine après la destitution de Abdelmoughit Slimani, ce dernier prononça un discours d'adieu dans lequel il dira qu'il continuera à servir la ville et ses habitants avec abnégation à partir du poste de simple conseiller auquel il fut relégué. Quatre ans après, les Casablancais découvrent avec stupeur que leur ville était gérée par un réseau mafieux qui s'enrichissait aux dépens des fonds publics. Durant des années donc, Slimani et compagnie ont détourné des milliards qui étaient destinés à développer la ville et à améliorer la situation économique et sociale de ses habitants. Des hôtels, des résidences personnelles et des unités industrielles ont été construits grâce à l'argent du contribuable. L'entrepreneur irakien, Mohamed Wahib, installé au Maroc depuis 1991, raconte que l'ex-président de la Commune urbaine des Roches noires a dévié plusieurs millions de DH vers des projets personnels. Patron de la société Soad Maghreb Investissements spécialisée dans la fourniture des matériaux de construction, Wahib affirme, preuves à l'appui, que Slimani a construit plusieurs projets grâce aux fonds réservés au projet résidentiel Ouled Ziane financé par la commune urbaine qu'il dirigeait. Selon les déclarations de Wahib devant les enquêteurs de la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), il aurait fait la connaissance de l'entrepreneur suisse Jean Victor Lovat en 1994. Depuis, il était devenu le principal fournisseur de matériaux de construction de la société Helvetica dirigée par le Suisse. Parmi ces projets, l'investisseur irakien citera l'hôtel "Le Tivoli" situé à Agadir et qui appartient selon les éléments de l'enquête menée par la BNPJ à Abdelmoughit Slimani et son beau-frère l'ex-ministre de l'Intérieur, Driss Basri. Wahib reconnaîtra que la plus grande partie des marchandises qu'il livrait au chantier de cet hôtel étaient comptabilisées sur le compte des projets de Ouled Ziane et Fouarate. En attestent les factures et les bons de livraison que l'entrepreneur irakien a mis à la disposition des enquêteurs et qui figurent aujourd'hui dans le dossier présenté au procureur du Roi près la Cour Spéciale de Justice (CSJ). La plainte déposée par l'entrepreneur irakien dévoile avec précision les détails des opérations de détournement dont les bons de commande et de livraison dans les chantiers situés à Agadir signés par Lovat et ses collaborateurs sont très révélateurs quant au modus operandi de la mafia communale qui gérait la capitale économique. Parmi les chantiers bénéficiaires de ce détournement, Wahib dira que, outre l'hôtel Le Tivoli, des livraisons de matériaux de construction ont été effectuées à un autre projet touristique à savoir le Tikida Beach à Agadir ainsi qu'à une unité industrielle dite SPM située dans la même ville et des résidences personnelles comme des villas appartenant à Abdelmoughit Slimani situées sur la corniche d'Aïn Diab à Casablanca. Ces détournements avaient lieu sur commande de l'ex-magnat de la capitale économique et grâce à la complicité de ses associés et ses collaborateurs. Ainsi, plusieurs dizaines de millions de DH furent détournés vers des projets personnels appartenant à Slimani et ses associés durant les années que l'ex-président du conseil communal des Roches noires a passées à la tête de cette commune. Des années qui ont été marquées par une gestion orientée vers les malversations et les détournements de fonds publics et non pas par la défense des intérêts de la ville comme il a prétendu le 21 septembre 2000. Aujourd'hui, l'ère de l'impunité est finie et l'heure a sonné pour que tous les Slimani, car il y en a plusieurs, payent pour tout le tort qu'ils ont fait.