Les suites de l'entretien, jeudi, de SM le Roi Mohammed VI et le président George W. Bush continuent d'agiter la presse algérienne. Elle n'a pas apprécié que le porte-parole de la Maison-Blanche ne cite pas le polisario parmi les parties en conflit sur le dossier du Sahara. La visite aux Etats-Unis de SM le Roi Mohammed VI jette dans la tourmente la presse algérienne. A l'origine de son agitation, une phrase prononcée, jeudi, à la suite de l'entretien du Souverain avec George W. Bush. Evoquant le problème du Sahara, le porte-parole de la Maison-Blanche, Scott McClellan, a déclaré que SM le Roi Mohammed VI et le président George W. Bush «ont convenu de la nécessité de résoudre le problème du Sahara le plus tôt possible d'une façon qui renforce au mieux la sécurité et la prospérité des peuples du Maroc, de l'Algérie et de la Mauritanie». Le polisario n'a pas été cité par le porte-parole de la Maison-Blanche qui a mentionné les véritables acteurs du conflit, au grand dam de la presse algérienne. Le premier journal qui a réagi à la visite du Roi à Washington est l'Expression. La façon dont il a charcuté la citation du porte-parole américain prête à rire. Ce quotidien affirme que les Etats-Unis ont fait pression sur le Maroc pour le porter à trouver une solution au conflit du Sahara. Et n'en veut comme preuve que la phrase du porte-parole américain reprise, bien entendu, de façon sélective. Le dossier du Sahara «doit être résolu le plus tôt possible». Tel est le propos que cite ce journal comme preuve de la défaite diplomatique du Royaume. Le lendemain, il n'était plus possible de faire l'impasse sur la phrase du porte-parole américain. Certains journaux ont pris le taureau par les cornes. «Washington a-t-elle volontairement oublié, jeudi, dans le communiqué publié à l'issue de l'audience accordée par le président Bush au Roi du Maroc, de citer nommément le peuple sahraoui, ou s'agit-il seulement d'une omission diplomatique ?», s'interroge le Jeune indépendant. Il accable la «nouvelle terminologie employée par Washington, qui ne prévoit pas d'existence, au peuple sahraoui en lutte, dans le contexte du type de solution préconisé». Un autre journal gamberge sur les raisons de «la troublante omission commise jeudi dernier». Le désarroi de la presse algérienne a connu un petit répit avec ce qu'elle a nommé le «rectificatif» de Richard Boucher, porte-parole du département d'Etat américain. Interrogé le lendemain sur les raisons de la non-citation du polisario par le porte-parole de la Maison-Blanche, Richard Boucher a répondu que le communiqué rédigé par Scott McClellan «ne reprend pas intégralement tout ce qui a été discuté» entre le président américain Bush et le Souverain. Il a réaffirmé la volonté de Colin Powell de travailler «avec les Nations Unies et les parties concernées par le conflit : Maroc, Algérie, le polisario et la Mauritanie». Ce n'est pas la première fois qu'un homme de l'équipe de Colin Powell tempère l'importance d'une résolution prise par la Maison-Blanche. Ce n'est pas non plus la première fois que les points de vue du président Bush ne convergent pas sous tous les angles avec ceux du chef de la diplomatie américaine. Quoi qu'il en soit, on retiendra de l'entretien de SM le Roi Mohammed VI avec le président américain que Washington reconnaît comme acteurs du dossier du Sahara : le Maroc, l'Algérie et la Mauritanie. C'est une première qu'il convient de saluer comme un succès de la diplomatie marocaine. On retiendra aussi les déclarations très enthousiastes de George W. Bush à l'égard du Maroc et de son Souverain. Le président américain a exprimé à ce sujet le souhait de voir l'accord de libre-échange USA-Maroc ratifié cette année. «Les pays comme le Maroc jouent un rôle de leader dans l'avancement de la cause de la paix et de la prospérité et méritent notre soutien total», a dit le porte-parole de la Maison-Blanche, ajoutant que le président Bush a salué également «le leadership clairvoyant du Souverain pour le renforcement des opportunités économiques et politiques au profit de tous les Marocains».