Le Maroc a été désigné, jeudi, par le président américain, George W. Bush, au nombre des alliés majeurs des Etats-Unis en dehors des pays membres de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN). Ce statut confère au Maroc une position privilégiée dans la région et le conforte dans ses choix politiques. La presse algérienne gesticule. Le statut d'allié majeur non-Otan, conféré jeudi par les Etats-Unis au Maroc, est une consécration des choix politiques de notre pays. Ce statut, accordé au compte-goutte à une poignée de pays, introduit le Maroc dans la cour des nations qui comptent aux yeux de la Maison-Blanche. Fred Jones, porte-parole de la présidence américaine, a expliqué cette décision en ces termes : «Le président (George W. Bush) a pris cette décision en reconnaissance des liens étroits entre le Maroc et les Etats-Unis. Nous apprécions le soutien sans faille du Maroc dans la lutte contre le terrorisme et le rôle du Roi (SM Mohammed VI) comme dirigeant visionnaire au sein du monde arabe». Le statut d'allié majeur non-Otan permet de facto la levée de restrictions sur des ventes d'armements. Il autorise également le Maroc à disposer de l'aide financière des USA et à se porter candidat à certains contrats militaires américains : recherches et programmes de développement contrôlés par le Pentagone. A signaler que seuls l'Argentine, l'Australie, le Bahreïn, la Corée du Sud, l'Egypte, Israël, le Japon, la Jordanie, le Koweït, la Nouvelle-Zélande, les Philippines et la Thaïlande bénéficient de ce statut d'allié privilégié. Ce privilège déplaît fortement à certains journaux algériens. Dans un long article, intitulé «A quoi jouent les Américains au Maghreb ?», le quotidien algérien La Nouvelle République s'étonne de cette «promotion» qui élève le Maroc au rang «des pays qui pèsent sur l'échiquier de la sécurité internationale». L'auteur de l'article ne s'attarde pas sur les raisons de cette promotion, mais il est inquiet de ses suites géopolitiques sur la région. Il semble particulièrement craindre une «intervention américaine», en cas de menace militaire contre le Maroc. «Quelle sera la position américaine en cas de retour du polisario aux opérations militaires contre le Maroc ? S'agira-t-il, à ce moment là, d'une agression contre laquelle les Américains pourraient agir ?», s'interroge le journal algérien. Même si le polisario n'est pas un ennemi de nature à inquiéter militairement le Maroc, il est vrai que le statut d'allié non-Otan du Royaume change la donne sur le dossier du Sahara. L'appui des Etats-Unis au Maroc devrait être plus diplomatique que militaire. D'ailleurs, la question du Sahara a été abordée, samedi à Paris, entre George W. Bush et le président français Jacques Chirac, à l'occasion de la célébration du 60e anniversaire du débarquement des alliés en Normandie. Catherine Colonna, la porte-parole de Jacques Chirac, l'a indiqué sans donner de commentaires. Mais compte tenu de la position de la France sur le sujet, on peut se réjouir que le Sahara ait été au menu des discussions entre les deux présidents. Et hasard des calendriers ou conséquence directe du nouveau statut du Maroc: la Marine royale et 12 Etats membres de l'OTAN participeront du 7 au 15 juin, au détroit de Gibraltar, aux manoeuvres militaires intitulées NEOTAPON 2004. Ces manœuvres sont destinées à entraîner les soldats dans toutes sortes d'opérations aériennes, maritimes et amphibies.