La désignation par George W. Bush du Maroc au nombre des alliés majeurs des Etats-Unis en dehors des pays membres de l'OTAN, continue de provoquer des réactions. La dernière en date est un délire du patron du polisario à l'adresse du président américain. Le patron des polisariens dicte à George W. Bush la conduite à suivre. Il l'a fait, lundi, dans une longue lettre où il proteste contre le statut d'allié majeur non-Otan, conféré le 3 juin par les Etats-Unis au Maroc. Le patron d'un campement perdu dans le désert conseille le président de la plus grande puissance au monde. Il le fait sur le ton d'un fin connaisseur de la géopolitique. D'un homme familier des grands de ce monde, d'un illustre visionnaire. Il trace noir sur blanc à l'adresse du président américain l'avenir de la région.«Il est à craindre que le Maroc ne profite de son nouveau statut d'allié majeur des USA en dehors de l'OTAN, pour s'embarquer dans une aventureuse course d'armements», écrit Mohamed Abdelaziz à George W. Bush. Après l'énonciation de cette donne, le polisarien fait une leçon de prospective politique au président américain : «Une telle politique aura, sans doute, un impact négatif sur la stabilité et l'harmonie dans la région du Maghreb». Dans son zèle à conseiller un grand, le chef du polisario se mêle les pinceaux, oublie la prudence, commet la gaffe : «Notre population civile a été bombardée par le napalm et par les bombes à fragmentation». Mohamed Abdelaziz confond sans doute le paysage désertique de Tindouf avec les climats tropiques du Vietnam ! Le ridicule de la démarche de Mohamed Abdelaziz ne devrait pas pourtant distraire d'une nouvelle donne. Le statut d'allié majeur non-Otan permet de facto la levée de restrictions sur des ventes d'armements. Il autorise également le Maroc à disposer de l'aide financière des USA et à se porter candidat à certains contrats militaires américains : recherches et programmes de développement contrôlés par le Pentagone. Ce nouveau statut provoque au demeurant de nombreux commentaires dans la presse espagnole et algérienne. En Espagne, les déclarations du ministre des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, lors d'une conférence de presse tenue mercredi à Madrid en compagnie de son homologue marocain, sont claires et rassurantes. C'est «une bonne nouvelle», a-t-il dit avant de préciser : «Cela ne nous préoccupe pas que les forces armées de deux pays importants comme le Maroc et les Etats-Unis maintiennent des relations de coopération et organisent des manoeuvres conjointes, comme nous l'avons fait par le passé et nous le ferons dans le futur avec le Maroc». En Algérie, pas de commentaire officiel. Mais la presse affiliée au régime s'étonne de la décision de Washington. Elle ravale même les cocoricos lancés après l'invitation du président algérien au Sommet du G8. Le quotidien algérien La Nouvelle République explique, dans son édition du mercredi, que «l'armement des pays du Maghreb risque d'être la question qui fâche dans les relations algéro-américaines». Pourquoi ? «le refus de vendre des armes à l'Algérie à l'heure où le Maroc est placé comme allié privilégié».