Alger est au centre d'une activité diplomatique intense. Michel Barnier y effectue une visite officielle depuis lundi et le chef du gouvernement espagnol s'y rendra mercredi. Pour la presse algérienne, ces déplacements ne vise qu'un seul objectif : rapprocher Alger et Rabat sur le dossier du Sahara. Au cœur du ballet diplomatique à Alger, le Sahara. La presse algérienne ne fait pas de mystère sur le sujet. Quelle que soit la nature de l'interprétation donnée à la visite du ministre français et à celle du chef du gouvernement espagnol, les observateurs algériens sont unanimes à reconnaître qu'elle vise à «trouver une solution définitive» au dossier du Sahara. Pour atteindre cet objectif, Paris et Madrid tentent de rapprocher Rabat et Alger. L'idée d'un dialogue direct entre le Maroc et l'Algérie, en vue de trouver une solution au problème du Sahara, gagne du chemin. A preuve, elle ne suscite plus les réactions de rejet qu'elle avait entraînées quand le ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier, en avait parlé pour la première fois lors de sa dernière visite à Rabat. Il n'a pas changé de position depuis. Interrogé par le Quotidien d'Oran sur le Sahara, Michel Barnier a répondu : «un dialogue direct entre l'Algérie et le Maroc est nécessaire pour favoriser l'émergence de cette solution, en prenant en compte les impératifs de la stabilité régionale et les intérêts des deux pays et des populations concernées. Il y a un travail d'imagination et d'audace à faire pour dépasser les blocages hérités du passé». Dans le même ordre d'idées, le journal Le Jeune indépendant, pourtant fervent défenseur des thèses du polisario, écrit : «Dans les semaines ou les mois à venir, il faut s'attendre à ce que l'Espagne entreprenne des initiatives visant à aplanir les différends entre le Maroc et l'Algérie, les deux piliers de l'ensemble maghrébin.» L'idée d'un rapprochement entre Alger et Rabat fait donc son chemin dans la presse de nos voisins. Le Quotidien d'Oran la juge même inéluctable : «au rythme où vont les choses, des concessions devront absolument être faites du côté marocain comme du côté algérien. L'entrée des Etats-Unis dans cette logique bousculera, à l'évidence, les choses et amènera les deux parties à se rencontrer autour d'une même table». A cet égard, la presse algérienne commente abondamment les déclarations du porte-parole de la Maison-Blanche, suite à l'entretien, jeudi, de SM le Roi Mohammed VI avec le président George W. Bush. Ce dernier avait préconisé un «rapprochement avec le voisin, l'Algérie, afin de créer un environnement favorable au règlement de la question du Sahara occidental». Et justement le ballet diplomatique qui aura pour théâtre Alger, n'est pas seulement franco-espagnol, mais aussi américain. La déléguée du secrétaire d'État adjoint pour le Proche-Orient, chargée de l'initiative de partenariat au Moyen-Orient, Alina Romanowski, effectuera une visite du 14 au 16 juillet à Alger dans le cadre d'une tournée maghrébine qui la conduira également au Maroc. Et pour couronner tous ces déplacements, le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, a clarifié la position de Madrid. Dans un entretien publié dimanche au quotidien EL Mundo, M. Moratinos a affirmé qu'un référendum au Sahara «sans une solution politique pourrait nous conduire vers une situation de crise généralisée en Afrique du Nord». Il a estimé que «la solution politique est celle qui devrait stabiliser l'Afrique du Nord». À ses yeux, la réalisation d'une unité maghrébine dépend essentiellement de la solution du conflit du Sahara. « Le moment historique est venu pour que les parties fassent un effort pour trouver une solution satisfaisante». Selon toute vraisemblance, ce moment historique sera scellé par Rabat et Alger.