Dans une interview accordée à ALM, Larbi Bellaha, Président du Directoire de la Régie des Tabacs, fait le point sur le processus de sa privatisation. ALM : Où en est aujourd'hui le processus de privatisation de la Régie ? Larbi Bellaha : Les études ont été réalisées et les rapports finaux ont été déposés auprès des autorités de tutelle. Le projet de texte de loi régissant les nouvelles conditions d'exercice de l'activité est à l'étude au niveau du Secrétariat général du gouvernement. Dans ce registre, la privatisation de la Régie qui doit intervenir avant la libéralisation du marché du tabac exige une nouvelle législation adaptée. Le cadre juridique en question a été élaboré conjointement par le ministère des Finances et la Régie des Tabacs avec l'assistance du cabinet Deloitte & Touche. L'objectif étant de donner une visibilité aux investisseurs potentiels notamment en matière de régime fiscal qui sera appliqué. En principe, ces textes doivent être adoptés cette année. Nous sommes presque sûrs que les textes de loi sortiront en même temps que la loi de Finances en décembre. Je pense que l'appel d'offre sera lancé par l'État en mois d'octobre. Ainsi, l'opération sera probablement bouclée en décembre. Ceci pour deux raisons : d'une part, la loi de Finances 2002 a prévu la privatisation de la Régie. Elle est donc prise en compte dans le budget de l'État. D'autre part, si l'opération est bouclée fin 2002, l'acquéreur potentiel bénéficiera du privilège du monopole pendant au moins deux ans avant la libéralisation du secteur. La libéralisation du marché suppose en principe une mise à niveau. La Régie des Tabacs a-t-elle élaboré un plan dans ce sens ? Nous avons lancé un programme de mise à niveau globale. Tous les collaborateurs de l'établissement ont été impliqués dans ce plan. Celui-ci a nécessité au préalable un diagnostic qui a mis en exergue nos facteurs clés de réussite mais aussi nos faiblesses. À travers ce diagnostic, nous avons pu définir toutes les actions qui doivent être entreprises pour d'une part, valoriser ces atouts et d'autre part, corriger nos faiblesses. La première partie de ce plan est en cours d'application et nous sommes satisfaits des premières retombées. En termes de facteurs clés de réussite, nous avons une parfaite connaissance du marché, un réseau de distribution important sur tout le Maroc (plus de 20000 points de vente), un savoir faire pointu dans tous les domaines de notre activité, une situation financière équilibrée et une capacité d'endettement très importante. S'agissant des faiblesses, nous constatons qu'il faut œuvrer dans le sens de rendre l'activité de production des cigarettes brunes bénéficiaire. Aussi faut-il remettre le client au centre de nos préoccupations : offrir le meilleur service et produit possibles. Dans ce sens, il y a d'autres actions qui sont programmées dans le cadre de cette mise à niveau de nos structures, mais elles nécessitent, elles, d'autres études pointues qui sont actuellement en cours de préparation par un cabinet étranger spécialisé. Au menu également, la restructuration de toutes les unités de production des cigarettes brunes. Nous comptons disposer avant 2003 d'une seule unité de fabrication. Cette dernière sera aussi moderne que celle de « Ain Harrouda » qui est spécialisée dans la production des cigarettes blondes. Parallèlement, nous avons lancé une autre étude globale de réorganisation de la Régie des Tabacs. Nous recherchons à mettre en place une organisation qui répondra efficacement au nouveau contexte. Dans ce sens, nous avons pris l'engagement de ne pas entamer un plan de licenciements. Il sera question plutôt de former le personnel pour faciliter son redéploiement au sein de l'établissement. Dans un tout autre registre, nous comptons actuellement externaliser la gestion de notre caisse de retraite. L'objectif est que celle-ci soit gérée de manière plus efficace. Il est prévu de la confier à un organisme public de gestion des retraites, en l'occurrence le RCAR (régime collectif d'allocations et de retraite). Toujours en matière de mise à niveau, nous comptons beaucoup sur l'expertise de notre futur partenaire pour la mener à bien. A ce propos, qu'attendez vous concrètement du nouveau partenaire ? L'État recherche à assurer le développement de la Régie des Tabacs à l'international. Ce partenaire sera donc un professionnel qui nous apportera des fonds, mais surtout un savoir-faire. C'est cet aspect qui est le plus important à nos yeux. Concrètement, nous attendons trois choses de notre partenaire : - Un appui financier à notre programme de mise à niveau, visant à rendre notre entreprise compétitive. Le savoir faire d'une « major » viendra certainement compléter ou créer une synergie avec le nôtre. Plus encore, nous aider à le perfectionner. - Favoriser le développement de nos produits sur les marchés étrangers parcequ'il est très difficile à une entité comme là notre, vu que l'activité des cigarettes est combattue de par le monde, de les pénétrer. - Développer davantage les produits offerts sur notre marché domestique. Offrir une large gamme de produits représentant un bon rapport qualité/prix. D'autant plus que la libéralisation ne se traduira pas automatiquement par une baisse des prix dans la mesure où ils sont administrés. D'où l'intérêt de mettre sur le marché des produits ciblant toutes les bourses.