Dans le cadre de la lutte antiacridienne, une réunion groupant des experts marocains et algériens s'est tenue le 29 juin 2004 à Alger. La menace du criquet pèlerin a dissipé bien des malentendus entre les deux pays voisins. Le criquet réussit là où la diplomatie a échoué. Les acridiens ont rassemblé le Maroc et l'Algérie autour d'un projet d'avenir. Les féroces insectes ont donné une même voix à deux pays qui parlent rarement de façon entendue. Depuis bien longtemps, on n'a pas observé un tel concert de louanges sur la coopération maroco-algérienne. Même les journaux algériens, habitués aux attaques contre le Royaume, ont dû ranger leur vieilles arquebuses pour souligner «l'engagement total» des deux pays dans la lutte contre les criquets. Le journal La nouvelle république souligne «la mise en œuvre d'une action commune de surveillance et de lutte à même de briser le cycle d'invasion de ce fléau». Et le quotidien El Moudjahid» loue le «renforcement de la coopération algéro-marocaine en matière de lutte antiacridienne». L'action commune des deux pays a été initiée mardi à Alger, lors d'une réunion technique qui a regroupé «des responsables de haut niveau» de la lutte antiacridienne dans les deux pays. Un communiqué du ministère algérien de l'Agriculture souligne que les deux parties ont passé en revue la situation acridienne qui prévaut actuellement en Algérie et au Maroc. Mieux : ils ont discuté des «modalités de mise en œuvre d'une action commune de surveillance et de lutte à même de briser le cycle d'invasion de ce fléau». Au terme de cette réunion, des décisions applicables dans l'immédiat ont été arrêtées. Il s'agit de la mise en œuvre d'un plan en vue d'échanger des informations et de conduire simultanément des opérations de prospection et de traitement. La zone frontalière est particulièrement concernée par ce plan, en ce sens où s'y regroupe le plus clair des essaims de criquets et de larves. L'intervention sur le terrain s'effectue en coordination avec les postes de commandements centraux, établis à Rabat et à Alger. Selon la cartographie dressée par le poste central de coordination de la lutte anti-acridienne (PCCLA), basé à Rabat, les opérations de prospection et de traitement contre le criquet pèlerin sont concentrées dans les régions Sud-Est du Royaume. Tata, Bouarfa et Errachidia se taillent la part du lion des moyens humains et techniques mobilisés contre les acridiens. Cela avait donné lieu naguère à des accusations de la presse algérienne qui ne laissait pas passer une occasion de souligner que le fléau venait de l'Ouest. De là à affirmer que le Maroc diligentait volontairement des essaims de criquets pour disséminer les champs algériens, il n'y avait qu'un pas. Heureusement que nous sommes loin aujourd'hui de ces accusations. L'heure est à la conjugaison des efforts entre les deux pays pour neutraliser le criquet pèlerin. A ce sujet, les deux pays envisagent de mener très loin cette lutte. Ils projettent de partager leur savoir-faire avec les pays du Sahel. Dans le cadre de la solidarité régionale, un appui sera apporté aux pays sahéliens, précise le communiqué du ministère algérien de l'Agriculture. On pourra toujours dire que c'est dans le malheur que la communauté de destin entre le Maroc et l'Algérie devient perceptible. Cela s'est vu par les marques de solidarité, allant dans les deux sens, à l'occasion de tremblements de terre. Cela se voit encore dans la lutte contre le fléau des acridiens. Mais comme il aurait été souhaitable que les deux pays marquent aussi leur proximité géographique et culturelle à l'occasion d'événements heureux.