Le chauffeur de l'autocar marocain, dont l'accident a fait 12 morts et 39 blessés mardi au sud de Poitiers, a été placé en détention dans la nuit de vendredi à samedi. Haj Kebbour, propriétaire du bus accidenté, continue de nier toute responsabilité en dépit de nouvelles preuves accablantes. La fatalité n'a rien à voir avec l'accident de Poitiers. L'enquête sur le drame, qui a fait 11 morts, a révélé une série d'infractions. Le ministère belge des Transports a fait savoir jeudi que la société Kebbour, propriétaire du car, «n'avait pas demandé la licence nécessaire» pour prendre des passagers en Belgique. Les premières constatations ont montré que les freins de la remorque avaient été coupés pour permettre au car de rouler plus vite. Selon les enquêteurs, Le chronotachygraphe («boîte noire» de l'autocar) avait été installé de façon à être trafiqué. Le troisième chauffeur était absent, alors que sa présence était mentionnée dans la feuille de route du véhicule. Sans parler des six pneus lisses du véhicule. Devant autant d'éléments accablants, deux informations judiciaires pour «homicide et blessures involontaires» ont été ouvertes vendredi par le parquet de Poitiers. La première contre le chauffeur ; la seconde contre la société de transport Kebbour, établie à Tanger. A ce sujet, le parquet de Poitiers a placé en détention le chauffeur de l'autocar, âgé de 49 ans. Ce dernier a été mis en examen pour «homicide et blessures involontaires aggravés par la violation manifeste d'obligation de sécurité». D'après le parquet, la version du conducteur «ne concorde pas avec celle des passagers rescapés». Selon les témoignages des passagers, le chauffeur aurait perdu le contrôle du véhicule après avoir dépassé un camion. Le conducteur a soutenu pour sa part que l'accident a été provoqué par un véhicule qui avait voulu le dépasser. En ce qui concerne la société Kebbour, visée par la seconde information judiciaire, «nous allons nous intéresser au système de fonctionnement de cette entreprise et surtout aux conditions légales et techniques de ce transport», a indiqué le procureur. Haj Abdessalam Kebbour, propriétaire de «Voyages Kebbour» a donc beau se réfugier derrière la fatalité et pointer du doigt «les jaloux», il ne pourra pas se dérober aux poursuites de la justice. Mais l'homme reste confiant. Il ne semble pas être ébranlé par l'information judiciaire engagée contre lui. «Je n'ai encore reçu aucune lettre des autorités françaises, et je n'ai absolument rien à craindre : tous mes papiers sont en règle», confie-t-il à ALM. Il ajoute qu'il rend visite, à chacun des rescapés et aux familles des victimes pour les consoler et les aviser des «frais d'indemnisations qu'ils vont percevoir de l'assurance». Les trente-deux rescapés de l'accident de l'autocar accidenté sont arrivés vendredi matin à l'aéroport de Casablanca en provenance de Bordeaux. Ils ont été accueillis dans le salon d'honneur de l'aéroport avant la rencontre avec les familles. Les cercueils de quatre victimes étaient transportés à bord du même vol de la RAM. Les corps des sept autres personnes mortes dans l'accident devraient être acheminés de Poitiers à Paris. S.M le Roi Mohammed VI a pris en charge personnellement la totalité des frais des soins médicaux des blessés et de rapatriement des corps des personnes ayant trouvé la mort dans ce tragique accident.