Un autocar marocain, en provenance de Bruxelles, s'est retourné, mardi soir sur la nationale 10 au sud de Poitiers en France. L'accident a fait douze morts et trente-huit blessés, dont six sont dans un état grave. Les avis sont contradictoires sur les causes de ce drame. Le retour des Marocains depuis la Belgique a été tragiquement interrompu à Poitiers. Le car qui les transportait avait pris le départ mardi matin à Bruxelles. Il a fait une halte à Paris pour prendre un voyageur. Au total, cinquante passagers devaient arriver mercredi en fin de journée à Tanger quand leur périple a été brutalement contrarié. Il était environ 21h 20. Un orage venait d'éclater. La pluie tombait si fortement qu'elle pénétrait dans l'autocar, affrété par la compagnie marocaine Kabbour, basée à Tanger. La chaussée était devenue glissante à cause de la pluie. Au moment où le véhicule a passé Poitiers, à un endroit où la nationale 10 est à quatre voies, il a zigzagué et est passé par-dessus la balustrade. Il a effectué ensuite un ou deux tonneaux, avant de se stabiliser sur le toit. «J'ai entendu des cris, des hurlements, c'était épouvantable», a déclaré à la presse Bilal Korkdan, 21 ans, qui a été extrait indemne du car. Douze passagers n'ont pas eu cette chance. Ils sont morts. Les trente-huit autres passagers ont été blessés, dont six grièvement. Les secours sont arrivés rapidement sur les lieux. Ils ont secouru plusieurs passagers. Mais les sacs mortuaires blancs faisaient des taches macabres dans la nuit. Les blessés ont été conduits au centre hospitalier universitaire (CHU) de Poitiers où une chapelle ardente a été dressée. Selon le ministère français de la Santé, neuf blessés légers ont pu quitter l'hôpital mercredi matin et sont actuellement hébergés dans un bâtiment du centre hospitalier Henri-Laborit. Par ailleurs, la salle des fêtes de Courtelles, commune proche du lieu de l'accident, a été réquisitionnée pour accueillir les victimes. Une cellule médico-psychologique a été mise en place pour soutenir et accompagner les familles des personnes décédées, les blessés et leurs familles. Les avis divergent sur les raisons de cet accident. Selon M. Korkdan, qui se trouvait à l' arrière du car, le chauffeur roulait très vite. Cette vitesse aurait d'autant plus concouru activement au drame que le car tractait une remorque à bagages, trop chargée. Le poids de cette remorque aurait participé à la perte du contrôle du véhicule. Mais d'autres passagers rejettent l'hypothèse de l'excès de vitesse. Ainsi, Omar El Afia qui affirme que la vitesse n'était pas excessive. L'un des chauffeurs accuse pour sa part un camion. Il a déclaré que «c'est un camion qui, en dépassant le car, a provoqué un appel d'air et a happé la remorque que le car tractait. Le car s'est trouvé déporté et s'est renversé sur sa droite». Peu après l'accident, une information judiciaire a été ouverte par le procureur de la République française à Poitiers, François Feltz, pour déterminer les circonstances exactes du drame. Le ministre français des Transports et le consul du Maroc à Bordeaux se sont rendus, mercredi matin, sur les lieux de l'accident. De même qu'une délégation de la Fondation Mohammed V pour la solidarité. Elle a avisé les victimes et leurs familles d'une décision royale. SM le Roi Mohammed VI a en effet pris en charge la totalité des frais de soins médicaux des blessés et du rapatriement des corps des personnes décédées. A signaler que de très nombreux cars assurent la liaison entre le Maroc et l'Europe. Certains ne répondent pas toujours aux normes de sécurité et pratiquent des prix bas pour attirer les passagers. Ils évitent jusqu'aux gares routières pour ne pas payer de droits et embraquent les voyageurs à partir des routes. Le drame de Poitiers est aussi celui des cars, dont les allers-retours sont parfois des paris incertains.