Réunis hier soir à Rabat, les membres de la Fédération nationale des syndicats des pharmaciens ont qualifié d'irrecevable le projet de loi sur l'organisation de leur profession préparé par le ministère de la Santé. Les pharmaciens d'officine ont vraiment assez attendu. Le dialogue avec l'autorité de tutelle, en l'occurrence le ministère de la Santé, "est arrivé à une impasse", estiment-ils. La Fédération nationale des syndicats des pharmaciens a organisé hier, mercredi, à Rabat une conférence de presse lors de laquelle lespharmaciens ont menacé d'organiser une série de grèves si le ministère de la Santé persiste à vouloir adopter un projet de loi régissant leur profession. Le président de cette fédération nationale, le Dr Kamal Belhaj Soulami, a estimé que les pharmaciens "sont à la croisée des chemins, ils ne peuvent aucunement permettre l'adoption d'un projet de loi qui les cantonne dans un rôle de simple boutique du médicament". D'ailleurs, cette appellation est considérée comme une insulte à tous les pharmaciens. Ces derniers veulent participer à l'éducation sanitaire des Marocains, en ayant des prérogatives légales, mais manifestement le projet de loi préparé par le ministère ne répond absolument pas à ces aspirations, poursuit le Dr Belhaj. En fait, le texte en question a été préparé sans aucune concertation avec les premiers concernés: les pharmaciens. Pourtant, "le ministère nous avait formulé la promesse de prendre notre avis sur le projet de loi qui va gérer notre profession". A ce titre, le Dr Belhaj a affirmé que le Maroc a besoin d'une législation moderne, à l'instar de n'importe quel pays développé. "Il n'y a donc pas de honte d'aller voir ce que font d'autres pays", poursuit-il. En somme, le ras-le-bol des pharmaciens est bien réel. En plus des problèmes purement financiers, ils se disent aujourd'hui confrontés à des difficultés d'ordre juridiques, aussi importantes sinon plus que les premiers. C'est pour cette raison que l'instance exécutive de la fédération nationale a décidé d'organiser une série de grèves à l'échelle nationale. Les dates de ces débrayages devaient être fixées hier. Du côté du ministère de la Santé, on ne perd pas espoir. Le directeur du Médicament et de la Pharmacie, le Pr Abdelaziz Agoumi a prévu de rencontrer, aujourd'hui, les membres de la Fédération nationale des syndicats des pharmaciens et l'Ordre national des pharmaciens (deux instances indépendantes l'une de l'autre). Cette réunion aura pour objectif de discuter des principales doléances des pharmaciens et essayer de trouver un terrain d'entente. L'une des principales revendications des pharmaciens consiste à mettre à jour les textes de lois qui régissent leur profession. Et pour cause, leur dahir date de 1960. Cette loi prévoit notamment le système du chaînage à 300 m. Ce système a été abandonné par pratiquement tous les pays du monde, qu'ils soient européens, africains ou arabes. Ces pays ont donc opté pour un système beaucoup plus "réaliste", le numerus clausus. Il s'agit de conditionner l'installation d'une nouvelle pharmacie à une population prédéterminée.