Des images de guerres et de désolation, ou des images de protestation contre les tragédies du jeux de pouvoirs. C'est un bref aperçu de l'exposition «Sangrita» de l'artiste-peintre Ilias Selfati, visible du 11 avril au 10 mai à la galerie Shart de Casablanca. Après avoir évoqué plusieurs thèmes, Selfati revient avec un ensemble d'œuvres intitulé «Sangrita» (qui veut dire transfusion), en illustrant «les désastres de la guerre». Alors que le monde s'engloutit dans une forêt d'informations et d'images, Selfati réinterprète «nos désastres de la guerre, les images une à une enfouies dans notre mémoire, images de guerres et de désolation, images d'une réalité qui dépasse la fiction, tel l'éphéméride de ce siècle nouveau annoncé turbulent», explique Hassan Sefrioui, responsable de la galerie Shart. De ce fait, le public découvre à travers cette exposition un ensemble d'œuvres, en l'occurrence «Le poing droit de Nelson Mandela», «Psychose» ou «Bombardement de Bagdad». S'appuyant sur une technique de peinture et dessin sans effets plastiques, Selfati détruit l'image pour produire l'image. «Il crée des images brutes, aptes à nourrir un univers pictural appelé communément art populaire : une opportunité d'accessibilité, une force de persuasion massive, une protestation silencieuse contre la tragédie des jeux de pouvoirs», ajoute M. Sefrioui. En effet, Ilias Selfati occupe une place importante dans le renouveau de la peinture au Maroc. Après avoir obtenu son diplôme à l'Ecole des Beaux-arts de Tétouan, il s'inscrit à la faculté UCM des Beaux-arts de Madrid où il suit une formation dans les techniques de l'estampe, de 1992 à 1994. Dans son parcours, il a côtoyé Paul Bowles, Mohammed Choukri, Emilio Sainz de Soto et le peintre José Hernández. Un brassage qui se retrouve dans ses œuvres, puisqu'il est passé par la gravure, la lithographie, l'estampe entre autres, avant d'atteindre une peinture de plus en plus remarquée. Cet artiste tangérois a décroché plusieurs prix, notamment celui de la gravure en Espagne en 2001 et 2003 et le prix d'Europe de la peinture en Belgique en 2000. Ses créations intègrent des collections publiques de prestige telles que la collection Saatchi à Londres, la Chalcographie nationale à Madrid, ainsi que la Société Générale et la Fondation Alliances au Maroc.