Libéralisation du secteur électrique, accélération de la prospection pétrolière, flambée du pétrole à l'international, place de l'énergie nucléaire au Maroc... Le ministre de l'Energie et des Mines fait le tour d'horizon de l'actualité du secteur. Entretien. ALM : vous venez de participer à la Conférence internationale sur les énergies renouvelables tenue en Allemagne début juin pour expliquer le potentiel marocain en la matière. Quel bilan en faites-vous ? Mohamed Boutaleb : je me suis rendu en Allemagne effectivement pour prendre part à la Conférence internationale sur les énergies renouvelables qui s'est tenue à Bonn du 1er au 4 juin 2004. J'ai eu le privilège d'annoncer à cette occasion notre Plan d'action pour le développement de ces ressources, plan qui fait désormais partie intégrante du Plan d'action international que ladite conférence a adopté, marquant l'engagement de la communauté internationale pour le déploiement à grande échelle des énergies renouvelables. (…) Dans l'optique de la libéralisation du secteur de l'électricité, quel sera l'avenir de l'ONE : opérateur, régulateur ? Le Ministère de l'Energie et des Mines et l'ONE ont mené, avec le concours d'experts internationaux, une étude sur le schéma de libéralisation du secteur électrique au Maroc. Certains aspects sont en cours de finalisation avant d'être soumis à l'approbation du Conseil d'administration de l'Office et au gouvernement. Les textes réglementaires qui vont concrétiser cette libéralisation sont en cours de préparation, et les modalités concernant le rôle qui sera dévolu à chacun des intervenants seront fixées de manière précise par l'ensemble des instances concernées. La piste nucléaire est souvent évoquée comme moyen de résorber le déficit énergétique au Maroc. Quelle place occupe le nucléaire dans la politique énergétique du Maroc ? Certaines applications des techniques nucléaires touchent déjà plusieurs secteurs socio-économiques tels que l'agriculture, la médecine, l'hydrologie, l'industrie, l'enseignement. Notre pays est d'ailleurs membre de l'AIEA depuis 1957. Il a adhéré à l'ensemble des conventions et traités internationaux dont l'AIEA est dépositaire, notamment le traité de non-prolifération nucléaire. Il a créé en 1993 le Conseil national de l'énergie nucléaire qui constitue une structure de concertation en matière de réglementation et de sûreté, de coopération internationale et de promotion de l'énergie nucléaire. Plusieurs projets de lois et de textes réglementaires ont été élaborés dans le strict respect des engagements internationaux souscrits par notre pays et ayant été promulgués ou en voie de l'être. Ceux-ci concernent particulièrement la loi de base relative à la protection contre les rayonnements ionisants, le décret relatif à l'autorisation et au contrôle des installations nucléaires, le décret sur la radioprotection, la responsabilité civile en matière de dommages nucléaires, la gestion des déchets radioactifs, le transport des matières radioactives, les plans d'intervention en cas d'urgence radiologique accidentelle. Notre pays a procédé aussi à la mise en place d'un certain nombre d'infrastructures de support, tels que le Centre national de radioprotection, l'unité pilote d'irradiation des aliments relevant de l'Institut national agronomique à Tanger, et les laboratoires du Centre national de l'énergie, des sciences et techniques nucléaires (CNESTEN). Jusqu'à quelle limite les hausses du pétrole à l'international ne seront pas répercutées sur les prix des hydrocarbures au Maroc ? Je voudrais d'abord préciser que le marché local est approvisionné normalement en produits pétroliers, liquides et gazeux. Le Comité national des approvisionnements regroupant le raffineur et les distributeurs, sous l'autorité du ministère de l'Energie et des Mines, assure la régulation, la programmation et le suivi quotidien de l'approvisionnement du marché national en différents produits-pétroliers. Le ministère de l'Energie et des Mines suit évidemment de très près les fluctuations des prix sur le marché international et évalue l'impact de la situation internationale sur les équilibres financiers du secteur pétrolier, tout en veillant à assurer la sécurité d'approvisionnement du marché intérieur en ces produits. Pour la première fois cette année, en matière de recherches pétrolières, il y aura plusieurs forages de puits. Ce saut quantitatif est-il un signe annonciateur de quelque chose ? La recherche pétrolière au Maroc se trouve effectivement dans une phase très active, puisque 17 compagnies pétrolières internationales opèrent actuellement dans les différents bassins sédimentaires du Royaume. Les contrats de partenariat signés portent sur 15 accords pétroliers couvrant 3 concessions, 72 permis de recherche (100 300 km2 en off-shore et 22 700 km2 en on-shore) et 4 contrats de reconnaissances (231 500 km2 en off-shore et 224 km2 en on-shore). La promulgation en mars 2 000 d'un code des hydrocarbures plus attractif pour les investisseurs, les différentes campagnes de promotion de nos prospects pétroliers auprès des compagnies pétrolières, la mise en place par l'Office national des hydrocarbures et des mines (ex-ONAREP) d'un système d'information et la constitution de bases de données relatives aux bassins sédimentaires, ainsi que les nouvelles technologies qu'a connues l'exploration pétrolière ces dernières années en off-shore profond, expliquent cet engouement des sociétés pour la recherche pétrolière au Maroc. Je voudrai rappeler à cette occasion que Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a donné ses Hautes instructions pour doter ce secteur de moyens financiers suffisants et pérennes, pour tirer le meilleur profit des opportunités actuelles et accroître les investissements de partenariat. Les récents travaux d'acquisition sismiques 2D et/ ou 3D ont encouragé nos partenaires à entamer des forages d'exploration. Trois sont récents. Il s'agit depuis fin mai 2004, de Ras Tafelny au large d'Essaouira, de Cap Draa au large d'Ifni au début du mois courant; un troisième forage est prévu au mois de juillet à Rimella au large d'Agadir.