Le ministre de l'Energie et des mines, Mohamed Boutaleb, a animé récemment à Rabat une conférence-débat sur la politique énergétique nationale. L'occasion de faire le point sur l'évolution de ce secteur vital pour toute économie que les éventuelles attaques contre l'Irak risque de bouleverser. «La politique énergétique nationale». Tel a été l'objet de la conférence-débat qu'a animé le ministre de l'Energie et des mines, Mohamed Boutaleb samedi dernier à l'ENIM à Rabat. Véritable technicien de l'énergie, M. Boutaleb n'en a pas mois opté pour un langage didactique et accessible. Le but est d'associer et impliquer les acteurs politiques «en vue de l'élaboration d'une stratégie énergétique concertée et durable», a noté le ministre qui a entamé sa présentation par un état des lieux général sur l'énergie dans le monde. Il en ressort que la tendance de la demande présente et à venir en énergies «traditionnelle» (Pétrole, Gaz et Charbon) est toujours haussière. Ce qui donne lieu à une internalisation croissante de l'industrie énergétique, une vague de fusions-acquisitions des groupe opérant dans le secteur, avec l'émergence de macro-opérateurs convergeant plusieurs segments de métiers de l'énergie. Tout en offrant davantage d'opportunités d'investissement et de croissance, cette nouvelle donne présente aussi de nouveaux défis à relever par les pays, notamment ceux en développement, a précisé le ministre. Cela implique selon lui, et à l'échelle internationale, la mise en place de réformes structurelles et institutionnelles, l'ouverture des marchés, le renforcement du secteur privé et la modernisation des infrastructures, de l'environnement et du secteur financier. C'est donc la nature du rôle de l'Etat qui doit être redéfinie pour accompagner ces changements. De producteur, l'Etat ne peut désormais être qu'accompagnateur du secteur. Ceci, en garantissant la sécurité d'approvisionnement, des installations et de l'environnement, la détermination des grands chantiers et les infrastructures à installer, la réalisation des investissements nécessaires et les réformes institutionnelles à mettre en place. L'action et les réformes entreprises par le Maroc ne peuvent que s'inscrire dans cette logique. Dans cette optique, M. Boutaleb, n'a pas manqué de rappeler les mesures prises par l'Etat. La privatisation des sociétés de distribution des produits pétroliers et des sociétés de raffinages arrive en tête de liste. Il a mis l'accent sur l'impact de la mise en service du gazoduc Maghreb-Europe (GME) et du service d'interconnexion électrique entre le Maroc et l'Espagne dans ce domaine. L'octroi de concessions pour la production d'électricité est également à citer. Les exemples les plus édifiants sont la centrale de Jorf Laasfar, le parc éolien de Koudia et la centrale de Tahaddart. A ces actions, s'ajoute le lancement du programme d'électrification rurale globale (PERG). De 18% en 1995, le taux d'électrification est passé à 55% en 2002. Le nouveau code des hydrocarbures a également été promulgué. La distribution de l'électricité est, quant à elle, sujette à une gestion déléguée à Casablanca, Rabat, Tanger et Tétouan. Le ministre de l'Energie a également fait état des réformes tarifaires et fiscales opérées, notamment la mise en place en 1995 du système d'indexation des prix des produits pétroliers sur les cotations internationales et le début, en 2002, de l'application du démantèlement linéaire des droits d'importation. A cet égard, les taux passeront de 17,5 et 25% à 2,5% en 2009. En janvier 2003, il a été procédé à une suspension provisoire des droits de douane sur les produits importés et la suppression de la TVA à l'importation de GPL. En matière d'électricité, des réformes tarifaires sont intervenues en 1996 en vue « d'une gestion efficace de la demande ». La baisse des prix de cette source d'énergie est passée de 5% en 1997 et 6% en 1998 à 17% en 2000, dont 8% due la diminution de 500 millions DH par an de la taxe intérieure de la consommation (TIC) sur les combustibles. Mais ce n'est pas pour autant que l'on peut dire que la mission est accomplie. Les opérateurs économiques ne cessent de déplorer le coût de l'énergie qui pénalise plus d'un secteur. Des prix à même de permettre une meilleure compétitivité de l'entreprise marocaine se font toujours attendre. Et l'éventuelle guerre contre l'Irak commence d'ores et déjà à provoquer une flambée des prix, ce qui risque d'alourdir l'ardoise des manques à gagner de l'économie marocaine. Le ministre se veut rassurant. Pour lui, «le secteur de l'énergie doit poursuivre son développement pour satisfaire les besoins du pays». Des besoins qui sont estimés à 12,3 millions de TEP à l'horizon 2007. Pour cela, besoin est de poursuivre les réformes tarifaires et fiscales et de développer la libéralisation progressive des prix. La poursuite des échanges à travers les interconnexions s'impose. A moins que les attaques américaines contre Bagdad ne viennent pas tout interrompre…durablement.