La démission de James Baker n'est que le début de la mise en application d'une solution basée sur la négociation directe en dehors des contraintes procédurières de l'ONU et qui ne pouvait pas coexister avec la mission de bons offices de l'envoyé personnel du secrétaire général. Sept ans après sa nomination par le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, en tant qu'envoyé personnel pour le Sahara, James Baker jette l'éponge et démissionne de son poste. L'information a été annoncée, vendredi, par le porte-parole des Nations unies qui a précisé que la démission de Baker avait été communiquée quelques jours avant au secrétaire général et qu'elle allait être officiellement communiquée au Conseil de sécurité lors de sa prochaine réunion. De source onusienne, il a été précisé que les dossiers de l'ex-médiateur américain seront pris en charge par l'actuel envoyé spécial de l'ONU au Sahara, Alvaro de Soto. Une sorte d'intérim en attendant l'éventuelle nomination d'un autre envoyé personnel, affirment certains observateurs alors que d'autres pensent que l'idée d'une médiation onusienne à travers un représentant personnel du secrétaire général sera enterrée avec le départ de Baker. Au Maroc, la démission a été accueillie avec une satisfaction à peine dissimulée. Dans un communiqué officiel rendu public samedi, le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération a annoncé que le Royaume du Maroc a pris connaissance "avec regret" de la démission de James Baker. Et si le communiqué officiel est resté très prudent sur les raisons de ladite démission, le ministre des Affaires étrangères a expliqué dans une déclaration à l'agence MAP qu'elle est due à la ténacité de la diplomatie marocaine. "La démission de M. Baker est le résultat de la ténacité de la diplomatie marocaine et de son rejet de certains principes qui portent atteinte à l'intégrité territoriale du Maroc", a expliqué le chef de la diplomatie marocaine. Pour M. Benaïssa, "le conflit du Sahara marocain, qui est la cause première du Maroc et des Marocains, que ce soit dans le cadre de l'ONU ou ailleurs, est au fond un conflit entre le Maroc et l'Algérie, et ne peut être résolu qu'entre ces deux pays frères". Une position qui n'est pas partagée par le polisario dont les dirigeants considèrent que la démission de l'ancien secrétaire d'Etat américain James Baker de son poste d'envoyé spécial de l'ONU au Sahara "prouve que l'ONU est incapable de faire appliquer ses propres résolutions". Selon les déclarations du représentant des séparatistes de Tindouf à Madrid, Brahim Ghali, cette démission démontre "le manque de poids et la faiblesse du Conseil de sécurité des Nations unies pour imposer ses résolutions et notamment la résolution 1495 de juillet 2003, relatives au conflit". Rappelons que lesdites résolutions avaient appelé les deux parties à adopter le plan Baker II comme solution au conflit artificiel provoqué autour du Sahara marocain. Un plan qui prévoit une autonomie élargie de cinq ans couronnée par l'organisation d'un référendum d'autodétermination. Dans sa réponse officielle aux propositions de l'ex-envoyé personnel de Kofi Annan, le gouvernement marocain avait rejeté catégoriquement toute solution ne respectant pas la souveraineté légitime du Royaume sur ses provinces du Sud. Les déclarations du représentant du polisario à Madrid et celles de ses collègues polisariens qui menacent de reprendre les armes contre le Maroc affirment que les séparatistes de Tindouf sentent que c'est le début de la fin de ce conflit artificiel. Car, il faut avouer que si l'affaire a trop perduré c'est à cause de l'obstination de certaines parties qui voulaient que la solution passe impérativement par les coulisses de l'ONU ce qui s'est avéré impossible. Au fil des années, l'on s'est rendu compte que le changement périodique des membres non-permanents du Conseil de sécurité, d'un côté, et les changements politiques internes à Washington, Londres, Paris et Madrid rendaient impossible toute solution négociée sur cette question. Partant de ce constat, il est clair que la meilleure voie de solution est d'œuvrer pour une solution politique négociée entre les deux parties directement concernées à savoir le Maroc et l'Algérie sous le parrainage des pays ayant un intérêt particulier pour la région : les Etats-Unis, la France, l'Espagne et la Grande-Bretagne. Et ce n'est qu'une fois parvenues à un accord que les parties pourraient en solliciter la validation définitive par l'ONU. Aujourd'hui, plusieurs éléments indiquent que l'on se dirige vers l'adoption de cette procédure pour parvenir à une solution. Avec l'arrivée au pouvoir des socialistes en Espagne, les choses ont changé et le nouveau président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, et son ministre des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos ont une vision sur l'avenir de la région qui diffère de leurs prédécesseurs. Considérant que la sécurisation de la rive sud du détroit de Gibraltar passe impérativement par la stabilité du Royaume et sa sécurité et conscient de l'impossibilité de l'organisation d'un référendum, le gouvernement madrilène s'est engagé activement dans la recherche d'une solution politique et a entamé, quelques semaines après son investiture, une médiation discrète entre Rabat, Alger et Tindouf. La mission espagnole n'aurait pas pu prospérer s'il n'y avait pas eu ce changement dans la position américaine sur la question du Sahara. En effet, à Washington, on s'est rendu compte que le Maroc demeure l'Etat le plus stable et le plus avancé de la région en matière de démocratie et que, de ce fait il est le seul capable de servir de catalyseur de la démocratisation au Maghreb d'où la décision américaine de lui conférer le statut d'allié préférentiel non-membre de l'OTAN qui a provoqué la colère de ses adversaires. En somme, la démission de James Baker n'est que le début de la mise en application d'une voie de solution basée sur la négociation directe en dehors des contraintes procédurières de l'ONU et qui ne pouvait pas coexister avec la mission de bons offices de l'envoyé personnel du secrétaire général. Ainsi, l'on se rend compte que les conditions sont aujourd'hui réunies pour que ce conflit artificiel soit résolu dans le cadre de la souveraineté légitime du Maroc et de la légalité internationale.