L'affaire du Sahara marocain traverse un tournant décisif. Le nouveau plan Baker, sur lequel le Maroc a émis des réserves, risque d'être imposé par le Conseil de sécurité. L'Espagne, qui en assure la présidence, semble pousser vers cette direction. Au Maroc, c'est une stratégie attentiste qui prévaut jusqu'à présent. L'alarme est déclenchée. À une vingtaine de jours de la date d'expiration du mandat de la MINURSO, qui aura lieu le 31 juillet, les missions diplomatiques des parties concernées par le dossier du Sahara auprès de l'ONU se multiplient dans l'objectif de défendre leurs positions respectives. À ce propos, l'initiative la plus marquante reste celle de l'Espagne qui préside, depuis le premier juillet courant, le Conseil de sécurité de l'ONU. En effet, Madrid a mobilisé, durant les dix derniers jours, ses troupes diplomatiques afin de parvenir, avant le 31 juillet, à la confection d'une résolution du Conseil de sécurité pour imposer la dernière version du plan Baker comme l'unique voie de solution au conflit artificiel du Sahara. D'un autre côté, la diplomatie espagnole a entamé des contacts avec le Maroc et le Polisario afin de les inciter à engager des négociations directes sur les moyens d'application des différentes clauses du fameux "plan Baker bis". En parallèle à cette initiative, qui revêt un aspect de "bons offices" de la part des responsables ibériques, ces derniers travaillent au sein du Conseil de sécurité pour que ce dialogue soit imposé par résolution onusienne. En résumé, la présidence du conseil cherche à imposer le plan Baker et à obliger le Maroc à entamer des pourparlers sur sa mise en application avec les séparatistes de Tindouf. "L'Espagne, qui exerce la présidence du Conseil de Sécurité, tente de parvenir avant l'expiration du mandat de la MINURSO à l'adoption d'une résolution plus ambitieuse que la prorogation technique, avec la conviction que le plan de James Baker est juste et équitable", a déclaré l'ambassadeur espagnol auprès des Nations-Unies, Inocencio Arias. Selon le ministère espagnol des Affaires étrangères, le gouvernement espagnol "a établi, ces derniers jours, des contacts avec les parties concernées par le contentieux afin de leur expliquer l'initiative espagnole et explorer les possibilités d'ouvrir un dialogue qui prendrait en considération les éléments de la dernière proposition de Baker, l'envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU". Rappelons que le gouvernement marocain avait exprimé plusieurs réserves de fond sur ce plan dans sa réponse officielle qu'il a remis au secrétaire général, Kofi Annan. Tentant de concilier les deux voies de solution entièrement antagonistes à savoir le "référendum d'autodétermination" et "l'autonomie élargie" telle qu'elle était proposée dans la version originale du plan Baker, la nouvelle version n'est " ni juste ni équitable". Bien au contraire, il revêt un véritable danger pour la cause marocaine. Un danger qui réside dans le fait que cette nouvelle proposition marque un retour camouflé vers "l'autodétermination" tout en permettant aux ennemis de l'intégrité territoriale marocaine de s'installer pendant quatre années dans les provinces du sud et d'y mener une campagne sécessionniste en toute liberté. "On peut se demander quel est l'intérêt de mettre en place toute une solution politique complexe pendant quelques années pour qu'au bout du chemin (très rapproché, de 4 à 5 ans), on se retrouve dans le cas de figure du Plan de règlement qui a mené à l'impasse. Les dangers de ce schéma sont évidents. En effet, la solution politique a pour objectif de rapprocher et de concilier, au moment où la perspective d'une confrontation, dans un délai rapproché, autour de deux choix complètement opposés, risque de compromettre, dès le départ, la mise en place de l'autorité locale préconisée", lit-on dans la réponse du gouvernement marocain. Parallèlement à l'initiative espagnole, le gouvernement algérien, dans une mascarade politique des plus ridicules "tente de convaincre" la direction des séparatistes à Tindouf pour qu'ils acceptent le plan Baker. Selon des informations rapportées par la presse algérienne, le Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia, le ministre délégué pour l'Afrique, Abdelkader Messahel, et un cadre du ministère des Affaires étrangères ont rencontré le chef du Polisario, Mohamed Abdelaziz, à Alger pour l'inciter à accepter ledit plan de règlement. Une réunion qui aurait duré toute une nuit, affirme-t-on de source algérienne, sans parvenir pour autant à le convaincre. Enfin, il est clairement établi que l'ensemble de ces actions qui ont lieu à New York, à Madrid ou à Alger ne sont que les différentes scènes d'une pièce théâtrale dont l'objectif est de faire adopter la fameuse résolution espagnole et imposer le plan Baker à toutes les parties sans tenir en compte les droits légitimes du Maroc.