L'initiative hispano-américaine sur le Sahara s'est assurée le soutien de huit voix sur les quinze que compte le Conseil de sécurité. Les autres membres semblent hésiter entre le soutien et l'abstention. Sa Majesté le Roi Mohammed VI a eu lundi un entretien téléphonique avec le président des Etats-Unis d'Amérique, Georges W Bush. Lors de cet entretien, qui s'est déroulé dans un climat empreint d'amitié, le Souverain et le président américain ont évoqué différentes questions d'intérêt bilatéral et international. Les deux chefs d'Etat ont examiné les développements de la question du Sahara marocain et passé en revue l'évolution de ce dossier aux Nations Unies. L'affaire de notre intégrité territoriale a aussi été évoquée par Sa Majesté le Roi avec le Président de la république française, Jacques Chirac, lors d'un entretien téléphonique. Rappelons que des consultations sur l'affaire du Sahara sont en cours au sein du Conseil de sécurité de l'ONU sur initiative de la représentation américaine auprès de cette instance. Cette initiative consiste en un projet de résolution visant à imposer le plan Baker aux parties concernées en tant que solution définitive pour le conflit. Le représentant américain, soutenu par la présidence du Conseil, actuellement assurée par l'Espagne, avait présenté aux quinze membres cette proposition au moment même où le polisario annonçait son acceptation de la deuxième version du plan Baker. Une voie de solution sur laquelle le Maroc avait émis de fortes réserves dans la réponse officielle que le ministère des Affaires étrangères et de la coopération avait adressée au secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, le 10 mars 2003. Des réserves que le conseil de sécurité n'a pas prises en considération, vendredi dernier, en décidant d'entamer des discussions sur le projet de résolution imposant le "plan de règlement" proposé par l'ex-secrétaire d'Etat américain, James Baker. Cette démarche devait aboutir, hier mercredi, sur une réunion des experts ayant pour mission de rédiger le texte de la résolution en y précisant les détails de sa mise en application. La réaction marocaine a été claire en ce qui concerne cette initiative hispano-américaine. Le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Benaïssa, a précisé dans une déclaration à la presse que l'adoption d'une résolution imposant le plan Baker serait une première dans les annales des Nations-Unies, puisque cette organisation est censée aider les parties du conflit à trouver une solution acceptée par les deux. Imposer une solution serait donc contraire aux principes et aux usages de cette organisation internationale. Pourtant, tout semble indiquer que cette résolution a de fortes chances d'être adoptée si l'on passe en revue les intentions de vote affichées par les quinze membres du Conseil. Ainsi, sachant que l'adoption d'une résolution nécessite, selon les procédures onusiennes, neuf voix sur quinze et aucun veto, l'on se rend compte que, sauf une surprise de dernière minute, les comptes sont faits. Car, le projet de résolution compte, pour le moment, le soutien de huit pays ayant annoncé leur intention de voter pour. Il s'agit, en plus des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, l'Espagne, l'Allemagne la Bulgarie, l'Angola, le Mexique et le Chili. La Russie et la Chine ont de leur côté annoncé qu'ils appuieront la majorité ce qui signifie qu'ils voteront aussi pour l'adoption de la résolution. S'agissant de la Syrie et du Pakistan, ces deux pays restent encore indécis. Seuls la Guinée et le Cameroun ont annoncé qu'ils opteraient pour l'abstention. Le seul espoir reste donc que la France, pays ami et principal allié du Maroc, puisse faire preuve de courage en usant de son droit de veto pour s'opposer à l'initiative hispano-américaine. L'affaire sacrée de l'intégrité territoriale passe donc par une étape où la machine diplomatique marocaine doit s'activer et entamer des contacts urgents avec tous les membres du Conseil de sécurité afin d'expliquer le point de vue marocain. Aussi, doivent-ils comprendre que l'adoption d'un plan rejeté par toutes les composantes politiques marocaines ne peut nullement servir à trouver une issue à ce conflit artificiel et qu'il risque de le compliquer davantage, et que la seule solution que le Maroc peut accepter est l'autonomie sous la souveraineté marocaine. Sinon, le Maroc est souverain sur son Sahara et il le restera.