Mercredi, le Ministère des Affaires étrangères a annoncé dans un communiqué de presse avoir rappelé son ambassadeur en Algérie, en réaction au récent discours du président algérien, Bouteflika, jugé provocateur et hostile à l'égard du Maroc… Premières réactions En France, aux Etats-Unis et en Espagne. La position de la France S'exprimant sur la question, le sénateur français Christian Cambon a souligné que la France considère que les dérapages et les propos blessants et hostiles de l'Algérie à l'égard du Maroc « sont inutiles ». « La position de la France vis-à-vis de la question du Sahara est bien connue. Elle est pour le dialogue et considère que tout dérapage ou tout propos qui peuvent blesser sont inutiles », a-t-il dit, notant que l'initiative d'autonomie avancée proposée par le Maroc au Sahara « est une base de discussion légitime et positive qui doit permettre de faire des progrès » sur la voie du règlement définitif de cette question. « Il faut explorer cette initiative avec des propos constructifs et non provocateurs et dialoguer pour trouver les voies de la concertation « , a souligné M. Cambon, vice-président de la Commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées au Sénat français. « A l'heure où la France s'est particulièrement investie au Mali pour combattre les djihadistes et les terroristes, la voie du dialogue constructif et de la coopération, notamment dans le domaine de la sécurité et du développement économique est le seul avenir pour le Maroc et l'Algérie, qui peuvent constituer l'un des tigres de l'Afrique s'ils s'unissent », a-t-il indiqué, mettant en exergue les efforts consentis par le Maroc pour la réalisation de ces objectifs. « Nous souhaitons que les propos du président Bouteflika (…) ne viennent pas ralentir la marche de l'UMA vers l'unité et la paix , car nos adversaires communs, les terroristes et les extrémistes attendent ce genre d'incidents pour avancer », a-t-il dit. Du côté des Etats-Unis… La dernière sortie du président Abdelaziz Bouteflika « relève des tactiques des agents provocateurs qui cherchent à détourner les regards de plus en plus scrutateurs de la communauté internationale sur la situation dramatique qui prévaut dans les camps de Tindouf, devenus un terrain fertile aux recruteurs d'Al-Qaeda », estime de son côté Kathryn Cameron Porter, Présidente du Leadership Council for Human Rights (LCHR), l'une des plus importantes ONG US des droits de l'Homme. Cette sortie, fait-elle observer dans une déclaration à la MAP, « a surpris par son caractère effronté de la part d'un régime qui est constamment pointé du doigt par les organisations internationales des droits de l'Homme », en se disant « entièrement d'accord avec les conclusions du rapport annuel que vient de publier le ministère japonais de la justice qui a classé le front polisario parmi une quarantaine d'organisations terroristes qui sévissent en Afrique ». « Le Maroc est donc dans son plein droit de rappeler l'ambassadeur du Royaume », a souligné Mme Cameron Porter, fondatrice du Caucus des droits de l'Homme au Congrès US, en estimant que « les affres subies par les populations des camps de Tindouf sont telles que le double jeu, l'hypocrisie et l'hostilité du régime algérien exigent une réaction sans concession ». Et de lancer un appel à la communauté internationale pour « venir au secours des populations séquestrées de Tindouf, et de les libérer des griffes et du cynisme du régime algérien ». Joseph K. Grieboski, Président du conseil d'administration de l'Institute on Religion and Public Policy (IRPP), basé à Washington, a souligné, dans une réaction à la MAP, que la décision du rappel de l'ambassadeur de Sa Majesté le Roi à Alger est « plus qu'appropriée », étant donné que « le régime algérien a multiplié les stratagèmes et les provocations tout en utilisant le polisario pour ses propres visées hégémonistes ». « Depuis plus de 37 ans, Alger n'a eu de cesse de prétendre qu'elle n'est pas partie au conflit du Sahara, une posture mensongère qui cherche à induire en erreur la communauté internationale et les Nations Unies », a-t-il indiqué, en soulignant que « le moment de vérité s'approche et l'Algérie sera comptable de cette hostilité et de ses provocations à l'égard des intérêts du Royaume ». L'Algérie ne peut plus « prétendre être un acteur neutre et se dérober aux impératifs d'une intégration maghrébine à laquelle le Roi Mohammed VI appelle de Ses voeux pour le bien des peuples de la région », a poursuivi cet expert des questions sécuritaires. « Le polisario, qui est aujourd'hui une marionnette entre les mains du régime algérien, a été convaincu de collusion avec les groupes terroristes et les bandes criminelles qui sévissent dans la région sahélo-saharienne », a encore déploré M. Grieboski, pour qui « l'Algérie devra à un moment donné assumer ses responsabilités pour l'oppression subie par les populations séquestrées à Tindouf ». Pour le Directeur de l'Africa Center, relevant de l'Atlantic Council, Peter Pham, il est nécessaire de « rappeler que le polisario n'existerait pas si le pouvoir algérien n'y tenait pas », en faisant observer que les séparatistes ne sont qu'un « instrument au service des ambitions géopolitiques de l'Algérie qui les téléguide pour nuire aux droits historiques du Royaume sur son Sahara ». Il a, dans ce contexte, déploré la situation dramatique qui prévaut dans les camps de Tindouf, avec l'aide et le soutien logistique de l'Algérie, en soulignant que « le polisario constitue aujourd'hui une menace à la stabilité et à la sécurité de la région (..) une réalité que la communauté internationale ne peut plus se permettre de passer sous silence ». Peter Pham a tenu à mettre l'accent sur le caractère urgent et périlleux de cette situation, en rappelant que le polisario sert aujourd'hui comme « force d'appoint » pour Al-Qaeda dans le Maghreb Islamique, comme en témoigne sa participation aux côtés des troupes de Kadhafi pour mater la révolution libyenne. Et en Espagne… Le président algérien devrait réfléchir sérieusement à ce qu'il dit à propos des droits de l'Homme, car le monde sait que sur son territoire et celui contrôlé par le polisario (camps de Tindouf), la violation de ces droits est constante », a souligné l'écrivain et journaliste espagnol, Chema Gil, expert du conflit du Sahara, dans une déclaration à Map-Madrid. A travers le discours lu à la réunion d'Abuja, le président algérien confirme le « lien avéré » entre l'Algérie et sa création le polisario, et son implication dans le conflit du Sahara, a ajouté Chema Gil. Le président Bouteflika devait au contraire se préoccuper de l'avenir des Algériens qui ne bénéficient nullement des recettes des énormes ressources énergétiques dont regorge le pays maghrébin, a encore noté l'écrivain espagnol. Où vont les recettes que génèrent ces ressources énergétiques. Il n'y a pas une chose pire qu'une vulnération des droits d'un peuple lorsqu'on lui nie l'accès au développement », dit l'analyste espagnol et spécialiste des questions du Maghreb. Gil a fait, à cet égard, observer que les gouvernements algériens ont créé de toutes pièces le conflit du Sahara et persistent dans leur position pour assouvir leurs propres intérêts dans le but d' »une déstabilisation » de la région et « de maintenir » le rôle de protagoniste que l'Algérie « avait, autrefois , à partager avec le dictateur Mouammar Kadhafi ». Revenant d'autre part, sur le registre noir du polisario, en matière de violations graves des droits de l'Homme, Gil, auteur du livre « Lo que el frente polisario esconde » (ce que cache le polisario), a rappelé les disparitions forcées de sahraouis perpétrées par les séparatistes, ainsi que les crimes et les attaques atroces commis par le polisario contre une centaine de pêcheurs et de civils espagnols, dans les années 70 et début 80. L'expert espagnol, qui avait fustigé récemment la propagande du polisario lors des travaux de la 4ème Commission de l'ONU tenus à New York, a noté que le Maroc jouit d'un respect et d'une « crédibilité internationale importante », alors que le président algérien est en train de mener « une fin politique indigne ». A signaler que dans son ouvrage « Ce que cache le Polisario », Chema Gil met à nu la politique propagandiste du polisario et ses pratiques inhumaines dans les camps de Tindouf et met aussi en évidence ses activités douteuses et l'implication de certains de ses éléments dans des activités terroristes au Sahel. Dans cet ouvrage, Gil livre aux lecteurs une conception claire du différend sur le Sahara marocain, à travers la présentation de « preuves concrètes et historiques qui démontrent l'appartenance du Sahara au Maroc » et les liens pérennes d'allégeance liant les habitants du Sahara aux souverains du Maroc. Pour l'écrivain espagnol, « les dirigeants du polisario, une entité non démocratique, ne représentent ni le Sahara ni les Sahraouis, mais plutôt l'Algérie et ne prêtent aucune attention aux intérêts et aux conditions de vie des Sahraouis ». « Leur souci majeur réside dans leurs propres intérêts », souligne-t-il dans cet ouvrage.