La décision du Maroc de rappeler, mercredi, en consultation son ambassadeur à Alger constitue une décision « plus qu'appropriée » et la réponse « adéquate » à la multiplication des actes de provocations et d'hostilités de l'Algérie à l'égard du Royaume, s'accordent à souligner des experts américains et activistes des droits de l'Homme. La dernière sortie du président Abdelaziz Bouteflika « relève des tactiques des agents provocateurs qui cherchent à détourner les regards de plus en plus scrutateurs de la communauté internationale sur la situation dramatique qui prévaut dans les camps de Tindouf, devenus un terrain fertile aux recruteurs d'Al-Qaeda », estime Kathryn Cameron Porter, Présidente du Leadership Council for Human Rights (LCHR), l'une des plus importantes ONG US des droits de l'Homme. Cette sortie, fait-elle observer dans une déclaration à la MAP, « a surpris par son caractère effronté de la part d'un régime qui est constamment pointé du doigt par les organisations internationales des droits de l'Homme », en se disant « entièrement d'accord avec les conclusions du rapport annuel que vient de publier le ministère japonais de la justice qui a classé le front polisario parmi une quarantaine d'organisations terroristes qui sévissent en Afrique ». « Le Maroc est donc dans son plein droit de rappeler l'ambassadeur du Royaume », a souligné Mme Cameron Porter, fondatrice du Caucus des droits de l'Homme au Congrès US, en estimant que « les affres subies par les populations des camps de Tindouf sont telles que le double jeu, l'hypocrisie et l'hostilité du régime algérien exigent une réaction sans concession ». Et de lancer un appel à la communauté internationale pour « venir au secours des populations séquestrées de Tindouf, et de les libérer des griffes et du cynisme du régime algérien ». Joseph K. Grieboski, Président du conseil d'administration de l'Institute on Religion and Public Policy (IRPP), basé à Washington, a souligné, dans une réaction à la MAP, que la décision du rappel de l'ambassadeur de Sa Majesté le Roi à Alger est « plus qu'appropriée », étant donné que « le régime algérien a multiplié les stratagèmes et les provocations tout en utilisant le polisario pour ses propres visées hégémonistes ». « Depuis plus de 37 ans, Alger n'a eu de cesse de prétendre qu'elle n'est pas partie au conflit du Sahara, une posture mensongère qui cherche à induire en erreur la communauté internationale et les Nations Unies », a-t-il indiqué, en soulignant que « le moment de vérité s'approche et l'Algérie sera comptable de cette hostilité et de ses provocations à l'égard des intérêts du Royaume ». L'Algérie ne peut plus « prétendre être un acteur neutre et se dérober aux impératifs d'une intégration maghrébine à laquelle le Roi Mohammed VI appelle de Ses voeux pour le bien des peuples de la région », a poursuivi cet expert des questions sécuritaires. « Le polisario, qui est aujourd'hui une marionnette entre les mains du régime algérien, a été convaincu de collusion avec les groupes terroristes et les bandes criminelles qui sévissent dans la région sahélo-saharienne », a encore déploré M. Grieboski, pour qui « l'Algérie devra à un moment donné assumer ses responsabilités pour l'oppression subie par les populations séquestrées à Tindouf ». Pour le Directeur de l'Africa Center, relevant de l'Atlantic Council, Peter Pham, il est nécessaire de « rappeler que le polisario n'existerait pas si le pouvoir algérien n'y tenait pas », en faisant observer que les séparatistes ne sont qu'un « instrument au service des ambitions géopolitiques de l'Algérie qui les téléguide pour nuire aux droits historiques du Royaume sur son Sahara ». Il a, dans ce contexte, déploré la situation dramatique qui prévaut dans les camps de Tindouf, avec l'aide et le soutien logistique de l'Algérie, en soulignant que « le polisario constitue aujourd'hui une menace à la stabilité et à la sécurité de la région (..) une réalité que la communauté internationale ne peut plus se permettre de passer sous silence ». Peter Pham a tenu à mettre l'accent sur le caractère urgent et périlleux de cette situation, en rappelant que le polisario sert aujourd'hui comme « force d'appoint » pour Al-Qaeda dans le Maghreb Islamique, comme en témoigne sa participation aux côtés des troupes de Kadhafi pour mater la révolution libyenne. La décision du Maroc de rappeler l'ambassadeur de Sa Majesté le Roi à Alger pour consultation devient dès lors « inévitable et tout à fait compréhensible », a-t-il conclu. Fouad ARIF. MAP