Tandis que les Français faisaient connaissance avec leur nouveau premier ministre Raffarin, l'ensemble de la classe politique a entamé mardi sa campagne en vue des législatives des 9 et 16 juin prochains. S'ils s'interrogeaient encore sur le personnage, les médias français étaient mardi tous d'accord : Jacques Chirac entend, par la nomination du libéral Jean-Pierre Raffarin, rallier les électeurs de gauche. Il faut dire que le premier tour des législatives – qualifié de «troisième tour» - se rapproche déjà à grand pas, le 9 juin. Une date que l'ensemble de la classe politique a bien retenue. Ce mardi, le parti socialiste a déjà présenté son programme électoral marqué par un net infléchissement à gauche. Pour tenir compte du chaos subi le 21 avril dernier. Intitulé «Pour le progrès avec la gauche», il compte huit objectifs, dont des «emplois plus nombreux et mieux rémunérés», une approche globale de l'insécurité, ainsi que des services publics renforcés «pour réduire les inégalités». Rédigé par l'équipe de Martine Aubry, le projet socialiste devait être entériné en fin d'après-midi par le conseil national du parti. Egalement en pleine restructuration, le parti communiste a quant à lui annoncé qu'il souhaitait créer des «comités d'initiative citoyenne». Cités dans le rapport introductif du Conseil national du PCF, ces comités rassembleraient autour des candidates et candidats, des femmes, des hommes, des jeunes, des élus, «plus particulièrement impliqués dans la vie politique, sociale, associative, et qui partagent une même ambition de changer la société, la politique et la gauche». Le rapporteur du projet, M. Le Hyaric, a affirmé mardi que les candidats communistes allaient «tout faire pour qu'aucun député du Front national n'entre à l'Assemblée nationale». Les Verts ont pour leur part décidé de présenter leur propre programme, tout en annonçant leur intention de finaliser «dans la semaine» un accord électoral et une «déclaration politique» commune avec les autres partis de gauche. Même si la présidente du parti écologiste, Dominique Voynet, a fait état de difficultés quant aux candidatures uniques dans certaines circonscriptions… A droite, l'UMP (Union pour la Majorité présidentielle) s'est installée mardi dans ses locaux parisiens, les alliances semblent être tout aussi délicates. Lancée le 23 avril par le RPR Alain Juppé, quelques UDF et DL «chiraquiens» (comme M. Raffarin), l'UMP n'arrive toujours pas à convaincre le président de l'UDF, François Bayrou, pas plus que celui de Démocratie Libérale, Alain madelin. «Je maintiendrai ma ligne», a ainsi réaffirmé mardi M. Bayrou, ajoutant que «s'imaginer qu'il faut concentrer le pouvoir entre les mains d'une seule sensibilité, c'est se tromper». Ce qui n'empêche pas l'UMP de prévoir des candidatures uniques de la droite. Et le Front national de proposer des alliances électorales à la droite ! Le FN a en effet déclaré lundi vouloir «assurer la défaite de la gauche» aux législatives. Mais il veut surtout s'assurer des sièges dans la prochaine Assemblée nationale. Le scrutin majoritaire à deux tours des législatives devrait permettre, selon des estimations, à l'extrême droite de se maintenir dans quelque 230 circonscriptions le 9 juin. Si la droite et la gauche ne s'unissent pas, le FN pourrait gagner quelques triangulaires, notamment dans le sud-est. Mais il devrait rester limité.