Le premier conseil des ministres du gouvernement Raffarin s'est tenu vendredi dans une ambiance qualifiée de «solennelle» et «sérieuse» alors que la classe politique s'agite à l'approche des prochaines législatives. «L'ambiance était parfaite, solennelle, sérieuse. Nous avons tous écouté avec beaucoup d'attention le président de la République et le premier ministre et maintenant, on se met au boulot », a lancé le nouveau ministre de la culture, Jean-Jacques Aillagon, à l'issue de la réunion qui a duré une heure vendredi matin. Le premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, est quant à lui sorti entouré d'un groupe de ministres, avant de repartir pour Matignon, sans un mot. Une consigne de silence avait été apparemment donnée même s'il est évident que cette première réunion a permis au président Chirac de tracer les objectifs et le calendrier de ses ministres. Ce même jour, les voix étaient donc plutôt du côté des sièges de partis. Jean-pierre Chevènement a ainsi lancé un ultimatum – de 24 heures - au Parti socialiste pour répondre à sa proposition d'accord en vue du scrutin des 9 et 16 juin. « J'ai proposé au parti socialiste une formule d'accord essentiellement défensif, équilibré et naturellement respectueux de la personnalité de l'un et l'autre partenaire », a-t-il expliqué. Abandonnant sa ligne de conduite de la présidentielle - « chacun pour soi » -, le président du Pôle républicain offrirait son soutien aux candidats socialistes dans 60 circonscriptions. En échange d'un retrait du PS en faveur de ses candidats dans 20 circonscriptions… Alors qu'il n'avait pas encore répondu à cette proposition, le Parti socialiste en a d'ailleurs reçu une seconde. Du parti communiste cette fois-ci, et pour des « candidatures uniques ». Brandissant la menace de l'extrême droite. Jean-Claude Gayssot a même estimé que « lourde serait la responsabilité du Parti socialiste, s'il ne répondait pas à la proposition des communistes de faire des candidatures uniques partout où le danger (du Front national) existe ». Si le PCF n'a pas parlé d'ultimatum, les menaces sont là… Au sein de la famille de droite, l'ex-président Valéry Giscard d'Estaing a quant à lui confirmé qu'il ne solliciterait pas un nouveau mandat de député du Puy-de-Dôme, mettant ainsi un terme à sa carrière parlementaire entamée en 1956. Le Front national, s'il est resté discret tout au long de la semaine, continue cependant de constituer un casse-tête pour les partis. En Provence-Alpes-Côte d'Azur, le FN espère en effet récolter les fruits de la campagne présidentielle de son leader. Dans ce contexte, l'union se conjugue sur tous les tons, à droite comme à gauche, de Nice à Marseille et d'Avignon à Digne. Si le pari semble gagné pour la droite dans les Bouches-du-Rhône, où le sénateur-maire Démocratie libérale de Marseille Jean-Claude Gaudin a imposé son « exigence absolue de l'union », l'affaire est loin d'être entendue en Alpes-Maritimes. Côté sondages, le dernier publié annonce que près d'un électeur sur deux (48 %) serait prêt à voter en faveur d'un candidat « n'appartenant pas au camp du président pour équilibrer le pouvoir politique ». L'enquête de l'institut Louis Harris pour AOL, parue mardi dans Libération (France), ajoute que 41 % au contraire disent qu'ils voteront pour un candidat « politiquement proche du nouveau président pour que ce dernier dispose d'une majorité forte et cohérente». 75% des Français ont par ailleurs avoué avoir voté pour Chirac le 5 mai, «pour faire barrage à Jean-Marie Le Pen ».