Quarante-trois homosexuels ont été arrêtés, mardi à Tétouan, alors qu'ils célébraient l'anniversaire de l'un des leurs dans une salle de fête. Leur interpellation par la police a défrayé la chronique locale. Aucune atteinte aux droits de l'homme ne sera permise, selon le wali de la ville. On ne parle que de cela à Tétouan. Les homosexuels sont jetés en pâture aux commérages de la rue. Mardi soir, les forces de l'ordre ont fait irruption dans une salle de fête pour y découvrir un spectacle inaccoutumé. Trente-trois hommes déguisés en femmes chantaient et dansaient. Dix femmes, vêtues selon la mode masculine, leur donnaient la réplique. Les 43 personnes étaient là pour fêter l'anniversaire d'un jeune homme. Immédiatement, les qualificatifs ont fusé de toutes parts : homos, gouines, travestis... Le propriétaire de la salle de fêtes a été arrêté. La personne qui filmait l'anniversaire a été soupçonnée de tous les torts. En une soirée, le scandale de l'arrestation des homosexuels a fait le tour des principales villes du Nord. Les personnes interpellées sont originaires de Tétouan, Chefchaouen et Sebta. Selon une source policière, des mineurs participaient à la fête. L'enquête suit actuellement son cours à la police judiciaire de Tétouan. Mais des voix s'élèvent déjà pour dénoncer le laxisme des autorités contre les «sodomites» et la nature de l'affaire fait craindre une escalade médiatique. Le souvenir du lynchage qu'ont subi les quinze homosexuels, arrêtés en 2002 en Egypte, est présent dans les esprits. Toutes les associations mondiales des droits de l'homme avaient dénoncé le comportement féroce des autorités égyptiennes. Des sites web gay ont lancé des appels pour ne plus se rendre en Egypte. La mobilisation avait été générale. «On ne tombera pas dans le tort de l'affaire de l'Egypte», rassure Mohamed Lambarki, wali de Tétouan. Il ajoute que les personnes interpellées font l'objet «d'une enquête de routine». Il précise : «Les choses se passeront de façon juste, respectable des droits de l'homme et de l'intimité des personnes. Il n'y aura pas dérapage». Cette position n'est pas toutefois celle de la rue. Selon une source policière, les islamistes, très actifs à Tétouan, en appellent à l'intransigeance de la justice. Les chefs d'accusation pourraient être nombreux : rassemblement sans autorisation, incitation à la débauche, atteinte à la moralité publique. D'autres personnes créditent de grands pouvoirs les personnes interpellées. Leur fête préparait l'organisation du congrès fondateur de l'association des homosexuels du Nord. Les diffuseurs de ces informations sont évidemment des homophobes enragés. Quant à l'arrestation des fêtards de Tétouan, elle souligne la présence d'homosexuels au Maroc. Ils sont tolérés tant qu'ils rasent les murs à l'ombre. Mais on ne leur permet pas encore de s'afficher au grand jour.