Patron du Parti libéral marocain (PLM), Mohamed Ziane nous livre son appréciation sur la performance électorale de l'extrême droite en France. Cet avocat de carrière se dit contre les extrêmes de tout bord. ALM : La montée en force de l'extrême droite en France vous a-t-elle surpris ? Mohamed Ziane : Pas vraiment. C'était prévisible car c'est Lionel Jospin qui a donné au Front national de Le Pen les 60 signatures qui lui manquaient pour battre campagne. C'est pour cela que le candidat socialiste s'est empressé d'annoncer son retrait de la vie politique. Une manière qui lui éviterait de rendre des comptes. Au lieu de s'occuper de la montée des extrêmes, trotskiste et fachiste, les socialistes français ont passé leur temps à combattre les démocrates libéraux. Résultat : les électeurs devant la critique démagogique du système libéral, ont voté pour les extrêmes de droite ou de gauche. Le PS français et son chef ne doivent donc s'en prendre qu'à eux-mêmes. Le Maroc risque-t-il à votre avis de connaître le même scénario ? Je ne le pense pas. Toutefois, la défaite cinglante des socialistes en France, qui étaient le principal soutien du gouvernement de Abderrahmane Youssoufi, va certainement avoir des conséquences sur l'USFP marocain à l'occasion des prochaines élections. Tous ceux qui croyaient dans l'USFP consciemment ou inconsciemment ne vont plus lui donner leurs suffrages. Reste Jacques Chirac, un grand ami du Maroc… C'est un grand homme. Trahi par tout le monde, tout le monde va voter pour lui au second tour car il incarne la défense des valeurs républicaines sans lesquelles la France perd de son prestige et de sa puissance. Le sursaut salutaire aura lieu le 5 mai car le peuple français est un peuple intelligent. Comment voyez-vous l'issue des législatives de septembre 2002 au Maroc ? Le peuple marocain surprendra le monde pour peu que l'administration n'intervienne pas dans le jeu électoral. Les électeurs voteront pour le renouveau au niveau des partis, des idées et des programmes et sanctionneront les formations politiques classiques. Ce qui conduirait à un changement important dans le paysage politique national. Quel renouveau ? Le parti libéral marocain. Celui-ci saura être au rendez-vous de l'histoire contemporaine marocaine. Les Marocains selon vous voteront en masse pour votre parti ? Je n'ai pas dit cela. Comme vous savez, ce n'est pas la masse qui vote. Mais je compte sur la perspicacité des Marocains pour faire les choix qu'il faut, voter pour les vrais libéraux. Pour le moment, je ne connais qu'un seul parti libéral c'est le PLM. Vote parti vient à peine de naître qu'il prétend être au rendez-vous… Ce n'est un peu prétentieux… Mon parti ne vient pas de tomber de ciel comme vous le dites. Il a tenu son congrès constitutif il y a un an environ. Mais depuis, nous avons été interdits contre toute légalité de tenir des activités politiques. Comment trouvez-vous Le Pen? Je n'ai aucune sympathie pour les extrêmes qu'ils soient de droite ou de gauche. Le score de l'extrême droite (20%) tout comme celui des trotskistes (près de 10%) me fait peur. Le Maroc est-il prémuni selon vous contre la montée des extrémistes ? La France n'est pas le Maroc. Pour le moment, le seul parti qui prétend être religieux est le PJD. Mais ce dernier ne représente pas 20% de l'électorat. Ce parti n'est pas extrémiste mais sclérosé au niveau de l'évolution de sa pensée et de la dureté de ses prises de position. En un mot, c'est une formation dépassée. Et quand on est dépassé, on a un langage éculé et vieillot.